Algérie

Le syndicaliste, l'assassin et la justice atone



Il faut vivre dans un pays comme l'Algérie, où les hommes de pouvoir sont prêts à tout, donc capables de toutes les compromissions, pour maintenir leur régime afin de s'y maintenir eux-mêmes le plus longtemps possible, pour assister à des choses aussi incroyables que la dernière sortie du terroriste Madani Mezrag. Il s'agit ni plus ni moins que d'un assassin qui ose, sachant que les dirigeants de ce pays baignent dans une lâcheté glauque, revendiquer la légitimité d'un assassinat, celui de Abdelhak Benhamouda. Madani Mezrag n'en est pas cependant à sa première bravade. Ne rebutant pas de se rappeler la barbarie dont il était capable lorsqu'il était le sanguinaire chef de l'AIS dans l'Est algérien, n'a-t-il pas déjà osé décrire avec force détails comment lui-même a exécuté un appelé du service national, un petit jeunot pour lui arracher son arme ' Par ailleurs, il faut traverser mont et vaux, de Belhadef à Ouled Asker, de Beni Afer à Bordj Etthar, de Thar Medrène à Texana, de Beni Ftah à Ouled Ali et de Taher à Sidi Maârouf en passant par Beniyder pour faire le tour de ces milliers de familles endeuillées dans des centaines de villages et hameaux par la horde de tueurs commandés à l'époque par celui qui se rendra, en 1997, avec la perspective de bénéficier des retombées de sa reddition et que ses hommes se partagent les fruits des sanglantes attaques menées contre de pauvres montagnards sans défense. En revendiquant ce meurtre avec une haine qui demeure intacte, Madani Mezrag insulte encore une fois la mémoire du syndicaliste et celle de tous ces morts tombés sous les balles de ses tueurs.Et cela se passe sous l''il froid et impassible de ce qui est censé être la justice algérienne. Comment se peut-il que quelqu'un ose légitimer un assassinat comme s'il entendait de cette manière le revendiquer sans que le garde des sceaux ne bronche, ni que les prétendus candidats à la magistrature suprême, particulièrement M. Bouteflika, qui est d'ores et déjà le futur président, ne réagissent. Mais il y a plus déplorable, non que dis-je, il y a plus lamentable : l'absence de réaction de l'UGTA. Et dire que Sidi Saïd se targuait d'être l'ami de Abdelhak Benhamouda ! Mais après tout ce temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et, comme dirait l'autre, « celui qui a de la paille dans le ventre a peur du feu ». Ne faudrait-il pas alors rappeler que Sidi Saïd a acheté à Moumen Khalifa pour 17 milliards de dinars de paille et que, par conséquent, il est bien obligé lui aussi de pardonner à ceux qui ont tué son ami, sinon attention à l'allumette !Nous sommes bel et bien devant un déni de justice. La famille du syndicaliste a toujours espéré qu'un jour toute la lumière sera faite et que les commanditaires de l'assassinat seront jugés eux aussi. Et qu'a fait Madani Mezrag en expliquant pourquoi Benhamouda a été assassiné ' Il a donné le mobile de l'attentat qui a coûté la vie au syndicaliste. Il désigne par la même occasion la voie à suivre pour arriver aux donneurs d'ordres. Ceci n'est cependant valable que dans un pays de droit, comme l'Algérie est loin d'en être un, nous avons pour encore au moins cinq ans d'injustice.


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