Algérie - A la une


Protéger l'espace public dans sa diversité et dans sa pluralitéLes exemples se multiplient dans plusieurs endroits où la saison estivale s'impose comme seul et unique refuge pour la majorité des Algériens et Algériennes qui veulent saisir l'opportunité du congé pour apprécier et savourer l'air balsamique et la brise marine.
La saison estivale débute avec une espèce d'ambivalence qui affiche explicitement certaines frustrations et attitudes saugrenues. On assiste à des agissements qui frappent de plein fouet les lois de la République, au nez et à la barbe de l'Exécutif.
La dernière semaine a vu la manifestation de comportements émanant d'un élu de la République interdisant par un «arrêté» le port de short dans une commune balnéaire. C'est ce qui est arrivé avec le maire de l'APC d'El Aouana dans la wilaya de Jijel. Dans d'autres régions côtières, on assiste à l'accès séparé des femmes et des hommes à la plage. Même les piscines sont frappées par cet «ostracisme» où la séparation entre les deux sexes est manifeste et visible. Dans d'autres cas, la tenue estivale qui relève de la baignade est interdite pour les femmes. Les exemples, même isolés au vu de l'immensité du territoire national, se multiplient néanmoins dans certains endroits. Désormais, la chose ne se présente pas de la sorte, les gardiens du «temple»jouent aux trouble-fêtes et tentent de replonger les Algériens dans la sinistrose des temps que ces derniers croyaient révolus. Ainsi, le conservatisme tente de sortir ses griffes contre toute attente en affichant avec ostentation sa conception rétrograde et moyenâgeuse contre toutes et tous. Ce «redéploiement» qui pousse beaucoup de gens à s'interroger sur ses motifs réels, remet au goût le climat de la période où la déferlante obscurantiste n'hésitait pas à dicter ses «desiderata» jusqu'à faire dans l'agression et la peur. La montée de cette déferlante montre on ne peut plus clairement que la société algérienne n'est pas aussi immunisée de cette mouvance pétrie de conservatisme et de pesanteurs passéistes d'un temps révolu.
Ce qui est remarquable dans ce genre de situations est le fait qu'une frange de la société affiche avec détermination une attitude qui fait dans le rejet sans équivoque de ces formes de «diktat» allant jusqu'à cibler les libertés individuelles des citoyens.
L'affaire de la joggeuse qui a suscité une réaction sans précédent de la part de la société civile a permis à celle-ci d'afficher sa volonté de s'impliquer dans la dynamique citoyenne comme une manière de faire passer un message clair à l'égard des tenants du conservatisme et de la pensée obscurantiste, qui veulent s'ériger en «tuteurs» sur la société. Les islamo-conservateurs savent que la sociologie politique n'est pas celle qui existait durant les années 90, des années où les forces de l'inertie titillaient la fibre religieuse et sentimentale des couches larges de la société en canalisant ce potentiel dans une perspective qui répond à un projet de société où la démocratie, les libertés collectives et individuelles et le pluralisme sont bannis de son lexique.
L'interdiction de port du short en zone urbaine, comme c'était le cas dans la commune d'El Aouana où l'accès séparé des femmes et des hommes à la plage rencontre des résistances, voire un rejet de la part des citoyens comme une manière de réaction individuelle en premier lieu contre la mainmise et l'hégémonie émanant de ces forces qui incarnent le conservatisme, le figisme et l'obscurantisme déferlants.
Ce sursaut qualitatif affiché par la société civile permettra de se constituer comme un rempart contre les tentatives meurtrières du bloc islamo-conservateur qui vise à asseoir un paradigme monolithique et unilatéral à la société, surtout par rapport aux questions qui ont trait à la vie privée des citoyens et leurs convictions.
La bataille s'annonce rude, mais cette fois-ci la société civile, voire le citoyen s'implique mordicus dans cette bataille comme facteur essentiel et déterminant pour protéger l'espace public dans sa diversité et dans sa pluralité, car il s'agit d'un espace de citoyenneté par excellence.


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