Algérie

Le Sud, si proche et si lointain



Le Sud, si proche et si lointain
Isolement, éloignement, manque d'intérêt ou clivage Nord-Sud 'C'est pour tenter de répondre à ces questions que le journal Liberté, accompagné de MDI (Media Diversity Institute), a organisé, hier à Alger, une conférence-débat autour de la «Place des régions du Sud dans les médias». Une brochette de journalistes, des directeurs de journaux, d'universitaires et des citoyens ont partagé près de trois heures d'intenses débats sur des sujets, constituant parfois autant de tabous.Actualité oblige, les récents événements de Ghardaïa se sont même imposés à un certain moment, mettant un peu plus de passion dans le débat. Aoumeur Bekkeli, chercheur en anthropologie sociale, reproche aux journalistes d'avoir effleuré le débat sur la crise de Ghardaïa. Il a même mis le doigt sur ce qu'il qualifie de «volonté de rompre un contrat social» qui permettait aux deux communautés de la vallée du M'zab de vivre en harmonie. «Il n'y a pas que la violence à Ghardaïa. Venez découvrir de belles choses de la région», préconise-t-il.Le débat change de tangente, mais point de dépassement, surtout que l'intervention de Fayçal Maarfia, spécialiste en tourisme, a rajouté une couche de pessimisme aux joutes. Le spécialiste dressera un tableau noir de la situation des populations du Grand-Sud. Il révèlera, sur un ton amer, que seuls 8% des élèves des régions désertiques atteignent le niveau scolaire moyen. Pis, «50% de la population de la région vit au-dessous du seuil de pauvreté». Des chiffres qui confirment, selon Maarfia, une «méconnaissance» de ces populations qui habitent en dehors des grands centres urbains. Et la presse dans tout cela ' «Il faut aller à la rencontre de ces populations», propose le conférencier.Moment de grandes découvertes lorsque Rabah Karèche, correspondant de presse à Tamanrasset, fait un état de la situation du correspondant local de presse dans une wilaya qui fait trois fois la superficie de la France. «La commune la plus proche du chef-lieu de la wilaya est à 200 km», témoigne-t-il. Pis, la population locale reçoit les journaux 2 à 3 jours après leur parution au Nord. A cela, il faut ajouter les difficultés socioprofessionnelles des correspondants, dont certains vivent uniquement de leurs plumes.Et le service public 'A ces constats, l'universitaire Belkacem Mostefaoui ajoute l'égoïsme de certains titres de la presse, mais surtout l'absence d'un service public de qualité. Un service qui doit en principe provenir du secteur étatique. «La solution ne serait-elle pas dans la création de journaux locaux '», interroge Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, présent lors des débats. L'idée fait son chemin.Abrous Outoudert, directeur de Liberté, estime qu'un journal «est avant tout une entreprise commerciale», donc guidée par la recherche du profit.Même si, comme Rabah Karèche, le patron de presse avoue que certains «journaux sérieux» font l'effort de se rapprocher des populations de ces régions.D'autres intervenants, à l'image de Fayçal Maarfia, vont plutôt dans le sens des télévisions thématiques pour qu'elles se rapprochent des populations isolées afin de s'enquérir de leur mode de vie ou de leurs difficultés. En définitive, aucune réponse aux questions posées.Mais des idées foisonnent. Certains préconisent des hebdomadaires d'information locale, d'autres des journaux financés conjointement par les grands titres de la presse nationale.Mais un seul acteur est interpellé : l'Etat a les moyens de financer des médias dans le cadre de ses attributions de services publics. Pourtant, à l'heure actuelle, cet Etat s'occupe plus de propagande que d'information. C'est peut-être là le c?ur du problème.




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