Le successeur du défunt Mohamed Abdelaziz sera connu aujourd'hui

Le congrès extraordinaire du Front Polisario s'est ouvert hier à Dakhla.Portant le nom du défunt président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz, les travaux de deux jours seront clôturés aujourd'hui avec l'élection du successeur du héros sahraoui, disparu le 31 mai dernier. La figure tutélaire de l'ancien Président a marqué les séances qui se sont déroulées dans une grande salle de la wilaya de Dakhla, dans le camp des réfugiés à Tindouf.Les personnalités qui se sont succédé à la tribune ont fait l'éloge d'un dirigeant qui est «resté digne et ferme» depuis son installation à la présidence de la Rasd, après la disparition d'un autre héros national, Mohamed El Ouali en 1975. Le témoignage du fils du défunt, El Habib, a ému les participants au congrès en rappelant le parcours d'un père qui s'est engagé pour la cause de son peuple, parfois au détriment de ses devoirs familiaux.Accompagné de son frère, El Habib, habillé d'un treillis et ressemblant à s'y méprendre au père, dont l'image domine tout le centre de l'affiche géante tapissant le mur de la scène, signale que la maladie n'a pas empêché Mohamed Abdelaziz d'assumer ses responsabilités. El Habib a évoqué surtout la réception par son défunt père du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors de son passage aux camps des réfugiés, alors que les médecins lui avaient interdit de faire des efforts pour ne pas nuire à sa santé déjà très affectée.Le Maroc, soutien au trafic de drogue et au terrorismePrésident du comité d'organisation du congrès extraordinaire et l'un des plus importants prétendants au poste laissé vacant, Brahim Ghali a signalé la course contre la montre engagée par l'administration sahraouie pour la préparation du congrès dans des conditions difficiles, marquées par la canicule et le mois de Ramadhan.Placé sous le slogan «Force, détermination et volonté pour imposer l'indépendance et la souveraineté», le congrès a vu la participation de 2433 personnes, dont une délégation venue des territoires occupés. Khatri Addouh, secrétaire général du Front Polisario et président par intérim, a dénoncé les «agissements» du Maroc, qui «a gelé toutes les initiatives internationales». Particulièrement virulent, Addouh a accusé le royaume voisin de propager la drogue et d'être un soutien actif aux groupes terroristes et aux bandes criminelles.Le Maroc «est producteur et importateur de la drogue vers les pays voisins. Il est aussi la cause de la prolifération de la criminalité et un soutien et aide aux groupes terroristes», souligne avec fermeté le président de l'Assemblée populaire de la Rasd, qui a assumé durant une quarantaine de jours l'intérim de la présidence de la République au lendemain du décès de Mohamed Abdelaziz.L'orateur est revenu avec force sur «l'escalade» et les «positions irresponsables» de l'occupant marocain, qui pourraient à terme «inciter à des choix que nous ne désirons pas», allusion à l'option de la reprise des armes ressortie après la décision du makzen de geler la composante civile de la Minurso. Addouh a regretté, par ailleurs, «les atermoiements» des instances onusiennes, particulièrement le Conseil de sécurité, qui n'ont pas adopté «un agenda clair» qui devrait conduire à la résolution du conflit sahraoui.Le même responsable politique reviendra, devant les congressistes, sur les prochains défis du Front Polisario acculé par une société en évolution : «Pas de paix ni de retour. La nation ou le martyre.» Le congrès sera clôturé aujourd'hui avec l'élection d'un nouveau secrétaire général du Front Polisario et président de la RASD, qui fait face à de nouveaux défis imposés par l'arrivée d'un personnel politique, plutôt jeune, qui défend le retour à la lutte armée, mais aussi aux décisions des Marocains.