Le suc amer des guerres

L'Union européenne semble en ce moment porter des chaussures dépareillées. Non secondaires, les démarches politiques internationales de ses membres sont embuées par des accrocs flagrants et sa diplomatie est régulièrement contradictoire avec les intérêts de chacun. Sa stature d'un bloc régional uni n'est qu'une vue de l'esprit. La guerre en Ukraine a parfaitement illustré de profondes contradictions car des Etats membres tiennent à leur chasse gardée en fissurant la représentation apparente d'une union voulue non lézardée.Là aussi, comme ailleurs, une histoire de visas à interdire aux ressortissants russes a ouvert la voie à des approches opposées identiques à celles relatives à l'approvisionnement en gaz déroutant les approches économiques et sociales des Etats les plus hardis.
Il a été signifié aux éventuels touristes russes qu'ils n'étaient pas les bienvenus dans l'espace Schengen. Résolution européenne punitive contre le président Poutine au moment où les Russes étaient en phase de constituer la plus importante ruée touristique pour les Européens, plus dense que les vagues japonaises, elle se révèle comme une décision déstabilisatrice pour le commerce et l'économie de nombreux pays membres.
De fait, les mesures de rétorsion prises contre Moscou ont toutes produit des corollaires catastrophiques sur une large partie de la population européenne, devenue victime d'une situation à laquelle elle a été de force assujettie. Si l'élan guerrier de Poutine serait a priori le principal mis en cause, les effets induits de l'autre élan opposé de l'Union apparaissent aujourd'hui le fruit pénalisant d'un engagement pris dans une hâte irréfléchie ou mal calculée dont le prix à payer est très lourd pour la majorité de la population mondiale et pour les sociétés occidentales en premier lieu.
Un tel bras de fer d'une inconséquence inouïe où les forts désagréments sont mêlés, jusqu'à ternir toutes les raisons existentielles, rappelle encore une fois le suc amer des guerres.