Algérie

Le stress hydrique se fait sentir à Aïn Témouchent


Le spectre de la sécheresse se profile à l'horizon. Si le déficit pluviométrique persiste, la wilaya d'Aïn Témouchent pourrait éprouver des problèmes pour stocker un volume d'eau qui puisse permettre une irrigation régulière.Pour cette saison agricole, avec un taux de remplissage des barrages arrêté au 31 décembre 2021 estimé à 22%, le stress hydrique commence à se faire sentir. Habituellement, à cette période, ce taux de remplissage était de 60% à 70%.
Selon Teouzeghou Abdelmoumen, chef du service de l'irrigation agricole auprès de la Direction des ressources en eau et de la sécurité hydrique de la wilaya d'Aïn Témouchent, le volume des précipitations a atteint les 152,30 au cours de la période allant du 1er octobre 2021 à ce jour contre une moyenne annuelle de 400 mm.
En 2021, une superficie de 493 ha a été irriguée par 13 ouvrages en exploitation entre petits barrages et retenues collinaires pour une capacité globale théorique de stockage de 11 680 000 m3 destinée à l'irrigation agricole.
En ce qui concerne l'alimentation en eau potable, la wilaya ne compte actuellement que sur la station de dessalement d'une capacité journalière de 200 000 m3 répartie équitablement entre les wilayas d'Aïn Témouchent et d'Oran. Sachant que les besoins de la population d'Aïn Témouchent qui compte 438 000 habitants sont de l'ordre de 65 000 m3/jour seulement.
À ce titre, notre interlocuteur nous apprendra que la dotation théorique est de 150 litres/jour par habitant, alors que la dotation réelle avoisine les 250 l/j/hab.
À propos de cette consommation supérieure à la demande, Abdelmoumène Teouzeghou nous explique que cette surconsommation est due à une absence de gestion rationnelle de l'eau par les populations des zones rurales, qui ont été raccordées totalement au réseau d'alimentation d'eau potable et qui utilisent cette eau à d'autres fins.
Il est utile de rappeler que le cratère de Dzioua dans la commune d'Aïn Toba, d'une capacité de stockage d'eau de pluie de 13 millions de mètres cubes, ne compte que 567 000 m3 actuellement.
Même les lâchers dont dépend la wilaya d'Aïn Témouchent, qui étaient effectués à partir du barrage Hammam-Boughrara (wilaya de Tlemcen), n'arrivent plus.
En 2021, le volume pompé de l'oued vers Dzioua depuis le barrage de Hammam-Boughrara vers la Basse-Tafna, puis vers Dzioua, est estimé à 9 641 000 m3 seulement sur un volume de lâchers de 12 à 15 millions de mètres cubes d'eau potable.
La différence a fait l'objet de piquages par les fellahs de Hammam-Boughrara et de Remchi le long de la conduite, sachant qu'en janvier 2022, il n'y a eu aucune goutte provenant de ces lâchers, nous apprend M. Teouzeghou.
En effet, pour éviter les piquages d'eau par les fellahs tout au long de la conduite, il a été proposé la pose d'une conduite directe à partir du barrage Hammam Boughrara vers la station de pompage de Tafna, sur une distance de 80 km, dans la mesure où l'eau des lâchers n'arriverait pas.
Il va sans dire que la wilaya d'Aïn Témouchent n'est sécurisée qu'à court et moyen termes par l'apport de la station de dessalement. "Nous n'avons pas d'autre ressource car il n'y a pas de substitution à cette station. C'est pourquoi nous avons tracé un programme pour permettre de réactiver tous les forages dormants qui n'étaient pas en service, qui étaient en panne ou endommagés pour les garder en veille dans le cas où la station de dessalement tomberait en panne", nous apprend M. Teouzeghou.
Ce dernier ajoute que pour faire face à un éventuel problème d'alimentation en eau potable qui pourrait surgir, le ministère des Ressources en eau a pris une initiative portant sur la réalisation d'une seconde station de dessalement d'une capacité de production de 200 000 m3/jour qui devra être implantée du côté de s'Biat, dans la commune de m'Saïd, à proximité de Bouzedjar, et qui couvrira aussi bien la wilaya d'Aïn Témouchent que celle d'Oran. "Nous avons fait des visites de constat sur site dans le cadre d'une étude préliminaire", a-t-il ajouté.
Il est vrai que hormis le projet de barrage d'El-Kola, dans la commune d'Oued-Berkèche, destiné à l'irrigation, qui a fait l'objet d'un gel dû à la conjoncture économique, la wilaya d'Aïn Témouchent ne dispose pas d'un ouvrage de stockage de l'eau ni d'importantes ressources souterraines, à l'image de la nappe de Ghriss dans la wilaya de Mascara ou de la nappe de Bredeah (Misserghine) dans la wilaya d'Oran, d'un débit de 400 litres/seconde, alors qu'il est impossible d'inscrire un projet pour la réalisation d'un barrage dans la mesure où son relief topographique est défavorable.

M. LARADJ
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