Algérie

Le stade du 5 Juillet en révélateur du bourbier économique algérien



L'Algérie est choquée. Elle a livré au monde l'image boueuse et sous-éclairée d'une Albanie de l'ère Hodja en plein XXIe siècle. La date FIFA de la mi-novembre a brutalement mondialisé les comparaisons. Long zapping planétaire des matchs amicaux qui, à cette date, font affronter les nations des cinq continents en prévision d'échéances officielles de l'année suivante. Une grand-messe télévisuelle où le benchmark des équipements sportifs s'invite dans les salons de milliards de téléspectateurs. Le champ de patates du stade du 5 Juillet, proposé en décor hanté d'un match de gala célébrant 50 années d'indépendance, est bien sûr devenu une affaire politique. Qui a provoqué cet «affront» au pays, s'effarouche-t-on dans les couloirs du pouvoir ' Qui, alors même que l'Algérie a entamé «un grand rattrapage dans les infrastructures» durant les sept dernières années ' Excitation puérile.
L'état du stade du 5 Juillet ce triste soir de mercredi est l'image symbolique de l'Algérie en 2012. Du patrimoine grandiloquent et désuet, pour lequel l'Etat a déjà beaucoup dépensé. Pour rien. Le naufrage du stade du 5 Juillet illustre de manière glaçante l'incapacité de l'administration à mettre en 'uvre ses propres budgets. A la fin des années Chadli, l'Algérie déclinait faute de subsides. A la fin des années Bouteflika, elle patauge, faute de managers et de gouvernance efficace. L'Office du complexe olympique a consommé deux enveloppes, l'une en 2003-2004 pour la mise à niveau de ses équipements en vue des Jeux panarabes, l'autre en 2006-2007 pour les Jeux africains. Puis, une troisième dédiée à la rénovation de la pelouse en 2009-2010.
En novembre 2012, le stade olympique, vaisseau amiral des équipements de l'OCO, est le pire du bassin méditerranéen à cette échelle d'importance. Pas seulement pour la pelouse. Mais aussi pour l'éclairage, les sanitaires, les espaces communs. L'économie algérienne n'a consommé que 64% des crédits d'équipement prévus en 2010. L'administration ne sait plus mettre en 'uvre les nouveaux projets. Pire, le management des équipements publics existants flirte avec la vie d'oasis. Hors du temps. Jusqu'à ce que les images de la télévision de la date FIFA dénudent la Kheïma. Le cas du stade du 5 Juillet a cristallisé sur un rectangle vert tous les travers de la gouvernance algérienne.
Un contrat commercial entre une firme hollandaise et l'OCO pour la pose d'une nouvelle pelouse a mal tourné. La terre végétale employée pour l'implantation du tapis était virale. Erreur de laboratoire. Conflit de procédure entre le fournisseur hollandais et le client algérien. Jusque-là, nous sommes dans un scénario universel. Cela vient d'arriver pour la pelouse du nouveau grand stade de Lille, inauguré en 2012. Mais là où la singularité algérienne entre en action, c'est lorsque ministre de tutelle et direction de l'Office du complexe olympique se figent dans la délibération pluriannuelle. Attendre l'arbitrage en justice pour faire payer le fournisseur ou refaire la pelouse à fonds perdus ' Le ministre de la jeunesse et des sports sortant n'a pas osé décider. Et le DG de l'OCO, qui n'est pas celui qui a suivi l'exécution du contrat, n'a pas l'autonomie suffisante pour agir. Deux ans de statu quo.
Lire la suite sur El watan Eco
Tweet
Partager


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)