Algérie

Le spectre d'une crise alimentaire



En visite jeudi à Abuja, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a annoncé «le démarrage d'une grande opération militaire» menée par une force internationale mixte qui comprend des troupes tchadiennes, camerounaises, nigériennes et nigérianes et don la mission va consister à libérer le bassin du lac Tchad de la présence des terroristes de Boko Haram et de l'Iswap.Dans la foulée, le Niger a obtenu du Nigeria voisin le retour sur leur territoire d'origine qu'ils ont fui sous la double menace des terroristes de Boko Haram et des «bandits» qui pillent et tuent sans discernement de quelque 4000 ressortissants nigérians. Ce rapatriement vers des lieux où les exactions précitées sont loin d'être jugulées était programmé pour la fin 2021 et doit concerner au total 129 835 Nigérians, d'après les statistiques de l'ONU. «Cette première opération de rapatriement a commencé hier (jeudi) et 500 ménages totalisant quelque 4000 personnes, ont déjà été réinstallés dans la ville nigériane de Malam Fatori», selon Laoula Hassane Katchalla, maire de la commune de Bosso, située à 3 km de Malam Fatori, sur les rives du Lac Tchad, un repaire parmi d'autres du groupe Boko Haram. Depuis 2014, ces réfugiés vivaient parmi la population de Bosso, première ville du Niger à être attaquée en février 2015 par les terroristes de Boko Haram. Hommes, femmes et enfants sont ainsi acheminés vers leur village d'origine où l'Etat nigérian a réhabilité les infrastructures socio-économiques et il semble que ce soit là un test qui permettra, s'il s'avère probant, de poursuivre de nombreuses autres opérations de rapatriement.
On se souvient qu'en novembre 2014, Boko Haram qui n'avait pas encore connu la scission de l'Iswap s'était emparé de la vile de Malam Fatori, poussant près de 30000 personnes à la fuite vers le Niger. C'est pourquoi, très vite, la menace a contraint un flux de quelque 300000 réfugiés nigérians à se disperser dans la région de Diffa, fief de Boko Haram. Prenant en compte l'impact de ces déplacements forcés, le Niger avait en juin 2021 organisé une vague de retours volontaires mais plus de 10000 déplacés sont revenus peu après dans les lieux où ils ont trouvé refuge. Vendredi dernier, l'ONU a annoncé l'arrivée au Niger de 18000 Maliens et Nigériens vivant au Mali, fuyant les localités maliennes de Inchinana, Azaragane, Anderamboukane et Tamalet, pour chercher réfuge dans les deux régions voisines de Tillabéri et Tahoua. Ils ont échappé aux combats meurtriers qui opposent plusieurs groupes armés, combats qui, affirme le Bureau onusien de coordination des affaires humanitaires (Ocha), ont coûté la vie à plus de
400 civils.
Malgré les efforts méritoires de l'Ocha et de plusieurs ONG locales et internationales, la situation se dégrade de jour en jour, sous la pression des groupes terroristes, et la crise alimentaire qui se dessine à de quoi nourrir de graves préoccupations.


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