Le soutien de l'Espagne à la résistance algéro-marocaine en 1955

Parce que le Général Franco avait de vieux comptes à régler avec la France républicaine à cause de l'engagement politique et militaire de celle-ci aux côtés des républicains espagnols durant la guerre civile d'Espagne (1936-1940), le Caudillo entretenait une haine tenace à l'égard des républicains et des démocrates du monde entier et ceux de France en particulier. A cette vieille querelle est venu s'ajouter l'alignement de Franco sur Hitler et Mussolini durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). S'agissant de la décolonisation du Maghreb, le Chef de l'Etat espagnol n'y était pas tout à fait hostile, dans la mesure évidemment où la décolonisation ne servirait pas les intérêts français. S'agissant du Royaume chérifien, il ne s'opposait pas à son indépendance. Il souhaitait, cependant, que Ceuta et Melilla demeurent espagnoles. En tout cas, la déposition du Sultan Sidi Mohamed Ben Youssef et son exil à Madagascar, sans que lui, Franco, eût été consulté ni même informé au préalable par la France, avaient accentué la discorde franco-espagnole et encouragé le Caudillo à accueillir les patriotes marocains de la zone (française) qui se réfugiaient dans la zone nord, à fermer les yeux sur leurs activités et sur celles du FLN dans le Rif.  Les dirigeants algériens, avec l'aide, à tous égards remarquable, des patriotes marocains de la zone nord du Royaume, ont su exploiter avantageusement la discorde franco-espagnole et bénéficier ainsi de l'indulgence discrète des autorités locales espagnoles et notamment:  - Pour le débarquement à Nador des armes et des munitions en provenance d'Egypte.  - Pour l'acquisition en Espagne, par des personnalités marocaines de la zone nord, d'importants lots d'armes et de munitions pour le compte du FLN.  - Pour admettre sur son territoire, en toute sécurité et sans visa, les nombreux réfugiés et les militants algériens qui fuyaient la France. La résistance du peuple marocain après la déposition de Mohamed V le 20 août 1953