Algérie

Le soupir de Lhacène Ziani, (Poésie) - Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2004



Le soupir de Lhacène Ziani, (Poésie) - Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2004
De l’oralité à l’écrit

Né à Timezrit - Bgayet en 1953, mathématicien et informaticien de formation, Lhacène Ziani est tiraillé entre l’art, la science et la politique.
Dès son jeune âge, il est subjugué par les poèmes de Si Mohand Ou Mhend, qu’il essayait tant bien que mal à imiter, composant des vers, parfois cohérents et d’autres loin de l’être. Mais il épatait déjà « le groupe »
Dans les années soixante-dix, il créa, avec d’autres (Ali Ait Ferhat, Zahir Adjou, Ali Ouali) le groupe « Ideflawen » qui devint rapidement célèbre à une période où il n’était pas aisé de se faire une place dans la chanson engagée, Idir et Ferhat Imazighen Imoula occupant largement le devant de la scène. Au temps où toute idée contraire à l’idéologie arobo-islamique, option choisie par le pouvoir, est considérée comme une atteinte à l’unité nationale, la métaphore était alors la dernière arme du peuple. Les années 70 furent répressives pour la culture en général, et plus particulièrement pour Tamazight qui était loin de la « culture officielle » de l’Algérie. Ainsi, toute chanson, tout poème étaient un message revendicatif.
En effet, depuis l’indépendance, l’Etat se définit comme arabe et musulman et les Kabyles ne se sont jamais reconnus dans cette identité « imposée ».
En fait, dés l’origine du Mouvement national, 1925 à 1936, l’option idéologique fut déjà choisie. Elle se concrétisa, politiquement, après l’indépendance du pays en 1962. L’identité nationale projeté alors était définie comme arabo-islamique.
Lhacène Ziani est de ceux qui pensent que « les écrits restent » et surtout de ceux qui n’aiment pas se taire. Par conséquent, dès l’ouverture opérée en Algérie, il pense éditer et transmettre ainsi ses poèmes aux générations à venir… Même s’il compte composer toujours des paroles de chansons, aussi bien pour son groupe Ideflawen, que pour des nouveaux, tel Anzar (Canada).
« Soupir » est le premier livre née de cette volonté d’écrire. Un mélange d’essais philosophiques, ponctués de mélodies harmonieuses appelées ici poèmes. Les thèmes abordés sont complexes, mais l’auteur y va avec aisance.
Comme tout migrant, Lhacène se sent déchiré, disant qu’il ne peut rire, pleurer que dans la langue de sa mère. C’est ainsi que nous retrouvons dans son recueil, « Folle Algérie », l’amour de la patrie, dans le regret exprimé de ce qui s’est abattu sur son pays… Regrettant fortement cette terre mère.
Il nous définit aussi sa personne, faite d’un paysan, d’un artiste et d’un intellectuel... Un intellectuel qui nous dit de « faire la guerre à la guerre », car « c’est à ce prix là, la paix. » Dans sa poésie, on décèle aisément l’influence du chanteur Kabyle Slimane Azem, particulièrement au niveau du style (rime et mesure).

Ainsi du « conard », il dit :
C’est du hasard qu’il est né
Ou pis encore, d’une erreur.
Il vit pour sa lâcheté,
Par faiblesse et par sa peur…
Il s’appauvrit chaque jour,
Il se refuse au savoir,
La bêtise loge dans sa cour
Alors qu’il compte ses avoirs…


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