Algérie

Le soufre des nababs



A quelques semaines du Mawlid Ennabaoui, les vendeurs de produits pyrotechniques commencent à se bousculer dans certains quartiers de la capitale, pour se mettre au goût de l?événement. Une activité frénétique qui bafoue la loi du 2 août 1963 portant prohibition de la vente et la fabrication des produits pyrotechniques.

On n?en a cure de cette prescription établie par l?autorité souveraine de l?Etat, semblent dire les nababs de containeurs d?un produit qui leur permet de ratisser large. Une évidence qui nous autorise à reprendre la citation de l?écrivain latin Pétrone : « Que peuvent les lois, là où ne règne que l?argent ? » Une virée du côté de la rue Amar Ali (ex-Randon) ou aux abords du marché Trois-Horloges, nous met au parfum de la mercuriale d?une marchandise que les seigneurs de l?import-import réussissent, comme chaque année, à écouler aux petits revendeurs après avoir passé, par on ne sait quelle ruse, les mailles de nos postes frontières. S?il est fait barrage aux petites mouches, les grosses, elles, n?éprouvent pas de difficulté à pulvériser la toile d?araignée? de la Douane. Pétards, pétoires et autres joyeusetés fulminantes achalandent les étals de fortune, non sans narguer la puissance publique qui fait mine de ne pas voir ou préfère laisser faire. C?est selon. Les parents, toute bourse déliée, accourent faire leurs emplettes pour la circonstance, histoire de satisfaire les caprices de leurs bambins. Ils cafouillent au milieu de ce brouhaha de pétarades, mettant au rancart l?esprit de la célébration et la quintessence de la naissance du sceau des Prophètes. Même au prix d?éventuels risques, l?essentiel, disent-ils, est de décompresser en créant une ambiance de tonnerre et, accessoirement, donner matière aux joyeux drilles de batifoler et faire feu de tout bois. Là où ça donne le haut-le-corps, ce n?est peut-être pas l?insignifiant petit pétard ou les feux de Bengale, considérés comme un jeu véniel, mais cette « bombe » ou « double bombe » que le vendeur exhibe fièrement non sans faire dessiller les yeux de l?innocent garnement qui trémousse avant que son père ne le lui achète pour faire joujou.




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