Algérie

Le soufisme au coeur de l’Islam



Le soufisme au coeur de l’Islam L’Imam Ghazali définit le dhikr (l’invocation) comme une sorte de jeûne du Coeur, un combat spirituel qui consiste à «faire disparaître les défauts, à couper tous les liens et à s’approcher de Dieu le Trés-Haut par une parfaite application spirituelle». Et il ajoute «qu’il est seulement au pouvoir du croyant de s’y préparer par la purification qui dépouille...». La purification de toutes les fausses idoles qui nous habitent et du regard d’autrui permet de ne s’attacher qu’au seul regard divin. Au-delà des réponses légales à un certain nombre de problèmes, issues du Coran ou de la coutume prophétique, il s’agit ici de savoir comment se comporter face aux multiples situations de la vie quotidienne, dans une recherche permanente de l’attitude juste. La réponse ne peut alors provenir que du tréfonds de notre être. A un homme venu l’interroger sur la droiture, le Prophète répondit par trois fois : «Interroge ton propre Coeur».Organe central, tout comme le coeur physique qui insuffle la vie à l’ensemble du corps, le Coeur dont il s’agit est en fait l’instrument de la perception spirituelle. L’invocation ne vise qu’à la revivification de ce Coeur. Et c’est cela qui explique l’importance essentielle de cette pratique dans le cheminement soufi. Un autre hadith, où Dieu s’exprime à la première personne par la bouche du Prophète, dit ceci: «Mon serviteur ne cesse de s’approcher de moi par la pratique d’oeuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime ; et lorsque Je l’aime, Je deviens l’ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la langue par laquelle il parle, la main par laquelle il saisit, le pied par lequel il marche». Au-delà de la notion de Salut et de la conformité aux commandements divins du bien et du mal, le soufisme vise à cette transformation de l’être, à sa Délivrance, à travers un recouvrement des qualités humaines par les qualités de l’Etre divin. Pour reprendre la symbolique de la Genèse, on pourrait parler de l’Arbre du Bien et du Mal, et de l’Arbre de Vie. Le chemin spirituel étant présenté comme un retour aux origines, ce retour s’accomplit à l’endroit même où a eu lieu la chute. Un célèbre théologien musulman, Ibn Khaldoun, distingue trois sortes de combats spirituels : le premier qu’il appelle «le combat de la Piété», le second «le combat de la Rectitude», et le troisième «le combat du Dévoilement par intuition». Selon lui, la direction d’un maître spirituel n’est pas également nécessaire au niveau de chacun de ces trois degrés. Au premier degré, la présence d’un maître permet au disciple un enseignement «en acte» qui est préférable à un enseignement livresque, comme le montre l’exemple de l’archange Gabriel apprenant au Prophète les mouvements relatifs à la prière. Au second degré, Ibn Khaldoun montre que la présence d’un maître permet une meilleure connaissance de la nature de l’âme individuelle, facilitant ainsi la recherche de la Rectitude. Mais là où l’enseignement d’un guide devient absolument indispensable, c’est au niveau du troisième degré : « Quant au combat spirituel de l’Intuition et de la Contemplation, dont le but est le soulèvement du voile du monde sensible et la connaissance du monde spirituel [...], elle dépend d’une façon nécessaire et absolue d’un maître de l’initiation [...], sans lequel ce combat spirituel serait vain dans la plupart des cas». Pour conclure, Ibn Khaldoun nous dit que si le terme «soufisme» s’applique aux trois degrés que nous venons de mentionner, il désigne d’une manière plus spécifique le dernier d’entre eux. Cheikh Abdelhalim Mahmoud


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