Vent qui souffle éveille les consciences et apporte de nouvelles idées, disait un très léger philosophe emporté soudainement par une bourrasque. Ce n?est pas vrai puisqu?en Algérie, c?est à chaque déchaînement des forces naturelles, séismes, pluies trop fortes ou vents violents que l?on prend surtout conscience d?un pays pauvre, mal construit, où les édifices, les maisons, les routes et les gens sont si fragiles. Il est d?ailleurs remarquable que dans un pays naturellement aussi calme où il fait beau pendant quatre saisons, le moindre bruissement de la nature prenne souvent d?inquiétantes proportions. D?où vient le vent ?, se demandait une jeune fille venant de voir un arbre tomber sur sa maison. Si les moins curieux règlent le problème à coup d?interventions divines, les autres savent que le vent, déplacement d?air dû à des différences de pression, vient de partout. Comme ce vieil homme aux quatre vents retrouvé vivant, méditant sur le sens de l?orientation. Assis en plein milieu d?une rose des vents, il observait les directions avec cet amer constat qu?aucun vent n?a réussi à faire bouger ses semblables. Ni le vent du Nord, auquel est régulièrement soumis l?Algérien et n?a pas apporté cette intelligence qui fait fonctionner les nations. Ni le vent du Sud qui n?a pas amené avec lui cette patience qui fait s?assagir les sociétés. Ni le vent de l?Est et son raffinement et ni celui de l?Ouest et son efficacité. C?est sûrement pour cette raison que le vieil homme aux quatre vents s?est mis à un moment debout et a commencé à tournoyer jusqu?à tomber pour ne jamais se relever. L?Algérien est perdu parce qu?il cherche encore le centre de la Terre, à Djeddah, à Paris, à New York ou à Djanet. S?il savait que chaque endroit de la Terre est son propre centre, jamais il ne tomberait.
Posté Le : 11/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com