Algérie

Le SOS du village d'Aguemoune



Le SOS du village d'Aguemoune
Souffrance - Routes obstruées par la neige, sans vivres, sans téléphone ni Internet et surtout sans gaz, la population de ce village s'en remet à Dieu.
C'est contre vents et marées que nous rejoignons ce village qui ressemble à une ville fantôme. Les commerces sont fermés à cause des pénuries. Les habitants qui se sont mobilisés pour dégager des passages aux véhicules se regardent mutuellement dans les yeux pour se transmettre probablement des messages qu'ils sont seuls à pouvoir décoder.
Notre intrusion au milieu de ce décor, surprend plus d'un. «La presse algérienne qui vient s'enquérir de notre situation c'est nouveau, ou bien c'est la démocratie qui s'installe», nous lance un citoyen qui nous demande une cigarette.
«Ici, c'est Lambèse. Il n'y a absolument rien du tout, ni vivres, ni gaz, ni électricité, ni même le moindre kilogramme de farine. Et dire qu'il ne s'agit, tout compte fait, que de chutes de neige.
Grâce à Dieu, ce n'est pas un tremblement de terre car on se demande alors quelle aurait été notre situation», nous dit notre interlocuteur qui semble en avoir gros sur le c'ur. Il est rejoint par les autres habitants du village qui nous supplient de rapporter fidèlement leur calvaire : «Dites aux autorités à Alger que nous sommes des Algériens comme vous. Nous avons combattu les terroristes comme nos parents ont combattu le colonialisme. Aujourd'hui, à partir du village d'Aguemoune nous lançons un appel de détresse.»
Grâce à ces citoyens qui nous sont venus en aide, nous avons pu poursuivre notre chemin vers le chef-lieu de la commune de Larbaâ Nath Iraten. Ici, ce sont aussi des citoyens en colère qui nous accostent. Une colère qui a pour cible les élus locaux.
«Des personnes qui ne se présentent que lors des festivités et se disent responsables. Ils ont prouvé cette fois-ci leur incompétence. Laisser une population sans eau, sans électricité, sans gaz et sans pain, relève de l'irresponsabilité. Personne ne bouge le petit doigt pour venir en aide aux citoyens, y compris le chef de daïra qui ne s'est pas encore manifestée de manière concrète», nous dit un enseignant accosté à l'entrée de cette commune. La pénurie de médicaments se fait également sentir à Larbaâ Nath Iraten. «En plus de toutes les incommodités communes à tous les villages, il y a aussi cette pénurie de médicaments qui se fait sentir avec acuité.
Les malades chroniques sont les premiers à subir les effets de la détérioration des conditions climatiques et de l'inertie des autorités locales», dit un autre groupe de citoyens. Le P/APC de cette commune, Hocine Lounis que nous avons contacté, se veut pragmatique. «Avant de parler de pénuries, il faut d'abord parler d'ouverture de routes.
C'est ce que s'attelle à faire la municipalité avec le concours de la wilaya», dit-il. Revenant aux préoccupations des citoyens, M. Lounis reconnaît qu'il s'agit de revendications légitimes.
«Certes, nous passons par une situation critique. Mais grâce à la solidarité de certains citoyens, nous arrivons à satisfaire quelques besoins de la population, même si c'est insuffisant, nous ne sommes pas restés les bras croisés», conclut-il en lançant un appel à ses administrés de «ne pas circuler en voiture et de rester à proximité de leur domicile».


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