Le sociologue Adnène Chaâbouni analyse l'échec du parti de Ghannouchi

Les raisons de l'échec du parti islamiste aux législatives et une éventuelle exportation du modèle tunisien vers les pays du Printemps arabe, deux questions posées au sociologue et enseignant universitaire Adnène Chaâbouni.Liberté : M. Chaâbouni, comment lisez-vous l'échec du parti islamiste 'A. Chaâbouni : Les raisons sont simples à expliquer. Ennahdha n'a pas tenu les promesses qu'il avait faites durant la campagne électorale d'octobre 2011. Après la fuite de Ben Ali et la dissolution de son parti, RCD, le parti islamiste a trouvé un terrain vierge qui l'a beaucoup servi et ceux qui l'ont porté au pouvoir l'ont fait dans l'enthousiasme et sans discernement.Par fatalité, nombreux sont les électeurs qui ont voté en sa faveur croyant, crédulement, en leur droiture et croyant avoir en face d'eux des hommes qui "craignent Dieu" et qui, de ce fait, ne peuvent faire de mal. Rapidement, ces électeurs ont déchanté en découvrant que les dirigeants d'Ennahdha étaient des hommes politiques comme les autres, avec pour principal objectif l'accès au pouvoir.Car le personnel politique est formé pour prendre le pouvoir sans autre considération. Les intentions annoncées ne contiennent pas, nécessairement, l'intention fondamentale de l'homme dont le but, naturel, est de servir autrui. Cela n'a pas été le cas des nahdhaouis dont le passage au pouvoir n'a pas été satisfaisant pour la plupart de ceux qui les y ont portés.Pensez-vous que l'expérience tunisienne est exportable vers les pays du Printemps arabe 'De par sa situation géographique, la Tunisie est une région de rencontres entre diverses civilisations. Ce phénomène a forgé la personnalité du Tunisien qui s'attend, toujours, à accueillir un étranger avec lequel il doit composer et cohabiter pour pouvoir mener une vie tranquille. Est-ce l'effet du relief ' Le Tunisien, vivant généralement dans la plaine, en a été, finalement, marqué pour ne pas tomber dans l'extrémisme. Aussi, a-t-il opté pour la modération qui l'a sauvé de nombreuses situations critiques. Grâce à Dieu, la Tunisie a, toujours, été épargnée par les catastrophes politiques. De ce fait, il semble difficile, voire impensable que l'expérience tunisienne puisse être exportée vers les pays du printemps arabe dont deux(Libye et Syrie) sont, actuellement, en guerre civile.M. K.