Algérie

Le social, un enjeu capital



A partir des wilayas d'Annaba et de Constantine où il a procédé, hier, à l'installation des nouveaux walis, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a insisté sur l'impératif engagement des cadres des collectivités locales pour recoller les morceaux de la confiance entre administration et administrés. A lui seul, sans parler du béquilleux développement local à travers certaines régions reculées du pays, qui vivent encore à des époques qu'on croyait révolues, ce défi peut paraître une montagne insurmontable, tellement cette confiance a volé en mille morceaux par le fait d'agissements qui plaçaient le citoyen à un rang subalterne. Mais il n'y a plus lieu de tergiverser, si l'on se réfère au discours des plus hauts responsables, dont le président de la République, qui inscrivent cette action de proximité comme l'une des plus importantes à mener avec efficacité. La tâche ne serait pas aisée, faut-il le reconnaître, pour ces commis de l'Etat si on les plaçait comme au front avec pour seules armes leur abnégation à servir les intérêts des citoyens. Le ministre de l'Intérieur enjoindra à tous les représentants des collectivités locales, walis, chefs de daïra et élus locaux «d'assumer leurs responsabilités en prenant en considération les préoccupations des citoyens, d'autant que l'argent est disponible». Mais la disponibilité de l'argent peut-elle les aider, vraiment, dans leur mission ' Pas forcément. Car, par un passé récent, l'argent coulait à flots sans pour autant participer à la prise en charge des préoccupations des citoyens ou apporter une quelconque amélioration dans le développement local. Pis, la disponibilité de l'argent a contribué à la création de cercles maffieux qui ont eu une mainmise sur tout ce qui bougeait dans les localités, avec la complicité de responsables au niveau central, qui écrasent l'autorité du wali et tue en lui toute prédisposition de volonté de s'occuper sérieusement de ses administrés. Donnant libre cours à la vox populi qui qualifiera le wali de «walou» (rien). Pour dire que c'est tout un environnement à créer si l'on veut réellement permettre à ces commis de l'Etat de faire convenablement leur travail. Des walis lâchés dans un environnement hostile, avec des cadres exécutants qui ont appris l'art de l'esbroufe et des élus locaux qui ont appris à se servir plutôt que de servir, ne peuvent pas faire grand-chose. Le changement doit, ainsi, aller loin, très loin, pour créer un nouvel environnement sur le plan local, en attendant la dissolution des assemblées locales élues et l'accession d'une nouvelle classe de dignes représentants du peuple. Le soutien de la tutelle est, donc, indispensable dans ce contexte, ainsi que celui du citoyen, lui-même, comme n'a pas manqué de souligner le ministre de l'Intérieur. Un citoyen qui doit apprendre à évoluer dans un cadre légal et réglementé, défendant ses droits et assumant ses devoirs en toute honnêteté. On voit bien qu'il ne faut guère croire que l'amélioration des conditions de vie des citoyens, la préservation de leur pouvoir d'achat et la réalisation d'un programme ambitieux de logements, qui figurent parmi les priorités des premières démarches du gouvernement, sont une simple sinécure. C'est sur ces volets que se focalisent toutes les attentes et tous les enjeux.


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