Si le récurrent problème des marges bénéficiaires n'est pas réglé au plus
tôt, les pharmaciens d'officines membres du syndicat Snapo risquent d'aller
vers un mouvement national de protestation. Une grève n'est pas à écarter dans
les deux mois à venir si le flou persiste. Lors d'une conférence de presse
organisée hier à son siège national, les responsables du Syndicat national des
pharmaciens d'officines (Snapo) n'ont pas caché leur désarroi face au silence
et à la lenteur qui caractérise la révision du décret portant marges bénéficiaires
pour les pharmaciens.
Un projet de décret a été adopté le 27 mai 2008 en Conseil du
gouvernement. Il prévoyait des marges au détail en officine de 40% pour les
médicaments dont le prix est inférieur à 200 DA, de 30% pour la tranche 200-400
DA, de 22% pour les prix allant de 400 à 600 DA, et de 17% pour les médicaments
dont le prix dépasse les 600 DA. Le même projet de décret augmentait le
«service honoraire pharmacien» (SHP) de 0,5 DA à 2 et 3DA selon la catégorie.
Ayant appris la teneur de ce projet de décret, le Snapo avait alerté le chef du
gouvernement par un courrier daté du 24 juin 2008, lui demandant de surseoir à
la publication de ce décret pour plusieurs motifs. Le Syndicat estime que «la
marge des 17% concernant les produits de plus de 600 DA était une mesure qui ne
pouvait être acceptée ni appliquée par les pharmaciens», car elle «aurait été
fatale et catastrophique». Lors du point de presse d'hier, le président du
Snapo, Abed Fayçal, explique qu'avec 17% de marge bénéficiaire «c'est la mort
annoncée des officines». «Toutes les simulations que nous avons fait démontrent
que ce niveau de bénéfice menace réellement la profession», étant donné que les
équilibres financiers ne pourront jamais être atteints.
Le deuxième point de la lettre adressée au chef de l'exécutif, concerne
le SHP. A ce propos, le Snapo estime que l'augmentation attribuée dans le
projet de décret est «insignifiante, au vu de toutes les inflations et des
augmentations des prix subies par le médicament depuis une dizaine d'années».
Sur un autre point, le syndicat attire l'attention du chef du
gouvernement que le projet de décret «ne prévoyait aucune mesure spécifique en
faveur du générique», ce qui est, constate le Snapo, «en totale contradiction
avec la politique nationale du médicament». Le Snapo rappelle qu'il avait, à
maintes reprises, avancé des «propositions universelles, qui allaient à coup
sûr garantir la réussite de la politique du médicament générique en Algérie».
Parmi ces mesures : «l'adoption d'un forfait par boîte», la mise en
application du «principe du différentiel fixe ou des marges majorées en faveur
du générique», explique le Snapo.
Dans le 4e et dernier point évoqué dans leur missive au chef du
gouvernement, les pharmaciens d'officines constatent que «contrairement à
toutes les promesses données, aucune mesure fiscale n'a été prévue dans le
projet de décret».
Le Snapo s'attendait à des mesures qui compenseraient «le payement
différé des produits délivrés gratuitement dans le cadre du tiers payant, et
les risques de gestion liées directement au conventionnement».
Suite à ce courrier, la publication du décret en question a été ajournée.
Le gel du décret a été confirmé «par le ministre de la Santé lors de l'audience
accordée au Snapo, le 20 septembre 2008». Le communiqué de la présidence de la
république, rendu public le 15 septembre à l'issu de l'audition du ministre de
la Santé, conforte ces efforts, pense-t-on au Snapo. «Des mesures seront
également prises pour encourager la production locale de génériques,
parallèlement à des mesures incitatives nouvelles qui seront incessamment
initiées en direction des pharmaciens pour la promotion du générique», note le
Snapo.
Ne voyant rien venir, le Snapo s'adresse au président de la république
dans une correspondance datée du 21 janvier 2009.
A ce jour, les choses n'ont pas évolué d'un iota. Les marges en vigueur,
datant de l'ancien décret de 1998, sont largement dépassées étant donné la
hausse des prix du médicament et l'inflation. Le projet du nouveau décret, gelé,
n'a pas encore été modifié pour tenir compte des revendications des pharmaciens
d'officines. Une situation jugée de plus en plus intenable par les
professionnels.
Réuni le 23 février, le Conseil national du Snapo, a donc décidé de
«recourir à une protestation au courant des deux mois à venir».
Une action nationale sera entreprise durant cette période si, entre
temps, aucune solution n'est trouvée par les pouvoirs publics.
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Posté Le : 25/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com