Bien que la tripartite de la nuit du dimanche ait eu quatre points à son ordre du jour, les partenaires sociaux avaient plus à coeur et comme priorité la conclusion du pacte national économique et social.
La signature, dimanche à 3 heures du matin à la résidence El-Mithak, du pacte national économique et social, a été qualifiée de moment exceptionnel par les partenaires sociaux. Cette tripartite même, qui en est à sa douzième édition, a été pour le gouvernement, l’UGTA et le patronat privé «un moment historique». Entamés samedi vers 23 h, ses travaux ne porteront que sur le projet du pacte, étant entendu qu’en ce qui concerne les trois autres points à son ordre du jour, à savoir le relèvement du salaire national minimum garanti (SNMG), les augmentations des salaires et les conventions de branche, ils ont été «réglés» au préalable par plusieurs séances de négociations des groupes tripartites.
Le chef du gouvernement lui-même l’a reconnu lorsque, après son ouverture de la tripartite du samedi soir, il a demandé aux journalistes de quitter la salle vers minuit, «le temps, dira-t-il, que nous échangions quelques remarques parce que nous nous sommes déjà entendus sur tout». Le huis clos a été donc adopté pendant près d’une heure et demie. L’on apprendra que la discussion a tourné autour du projet du pacte à propos duquel le président de la Confédération des opérateurs et entrepreneurs algériens a exprimé quelques petites réserves.
En le concluant hier dimanche tard dans la nuit, les partenaires sociaux estiment qu’«il permet de préparer les meilleurs arbitrages lorsque les objectifs économiques viendraient à apparaître contradictoires avec les aspirations sociales». Dans leur communiqué commun lu par le ministre du Travail à la fin des travaux, ses signataires précisent «qu’il prend en charge les préoccupations des partenaires économiques et sociaux, définit les objectifs à atteindre ainsi que les principes devant guider la conduite de l’économie nationale, et enfin ce pacte doit promouvoir le développement économique et social du pays». (Voir article sur le pacte de M. Mehdi.)
Dans leurs allocutions d’ouverture, les différents partenaires rappelleront que ce pacte est inscrit dans le programme présidentiel et que sa conclusion était donc une nécessité. L’ont signé le gouvernement, l’UGTA, la CGEO, la CAP, la CIPA, SEVE et la CNPA.
L’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), représentée par quatre de ses membres dont son président, Hcène Benyounès, a fait plutôt de la figuration puisqu’elle n’a pas été autorisée à apposer sa signature sur le projet du pacte (Voir article sur le patronat).
Pour ce qui est du SNMG, le chef du gouvernement note qu’il a un lien direct avec le pouvoir d’achat des travailleurs et en particulier les basses catégories. «Les mesures qui seraient prises à l’égard de ce dossier, a dit Belkhadem, auront une forte implication sur plusieurs catégories de la population et seraient de nature à répondre à leurs attentes». Le communiqué commun consigne une revalorisation du SNMG passant ainsi de 10.000 à 12.000 dinars/mois avec effet à compter du 1er janvier 2007. Ce relèvement aura un effet de hausse sur certaines pensions de retraite, notamment celles des hauts cadres.
Enclenché en juin 2006, le processus de révision des conventions de branche et le démarrage des négociations à cet effet ont abouti à leur adoption «renouvelée» concernant le secteur public ainsi que l’adoption de la convention collective «cadre» du secteur privé.
L’UGTA et le patronat privé ont donc signé, pour la première fois de l’histoire du dialogue social, une convention collective qui permettra de «codifier les relations de travail et le processus d’augmentation des salaires chez les patrons privés», est-il écrit en conclusion du communiqué commun. Ce qui fait que puisque paraphée en présence du chef du gouvernement, cette convention a désormais force de loi. La tripartite est appelée ainsi à surveiller les privés.
En plus de leur signature du pacte, les partenaires sociaux ont paraphé chacun pour ce qui le concerne différents accords et conventions. Le genre de cérémonie a plutôt regroupé les SGP et les fédérations. Sur les 50 conventions négociées, 9 ont été signées lors de la tripartite, dont une entre la fédération Mécanique-Métallurgie et la SGP de tutelle. L’on apprendra par différentes sources que les syndicalistes ont pu arracher une augmentation des salaires des travailleurs de ces secteurs allant de 13 à 18%, avec des pics pour les entreprises en bonne santé financière atteignant les 23%.
Non consignées dans le communiqué commun, les augmentations des salaires du secteur public économique varieront entre un minimum de 20% et un maximum de 25%, tandis que dans le secteur privé, elles le seront entre un minimum de 10% et un maximum de 20%.
Elles se feront selon différents accords salariaux que les fédérations UGTA ont négociés et conclus avec les SGP selon les moyens et capacités financières de chaque branche et chaque entreprise. Leur entrée en vigueur est en principe à partir de ce mois d’octobre. Le reste des 50 conventions de branche non signées lors de la tripartite, le seront ces jours-ci au niveau du ministère du Travail.
Pour sa part, le secrétaire général de l’UGTA a instruit ses fédérations à «mettre au propre» les différents accords salariaux afin de les rendre publics.
Pour rappel, après son investiture à la tête de la présidence de la République, Bouteflika avait exigé des partenaires sociaux de le laisser seul juge des décisions de toute tripartite. Alors s’est installée depuis 2000 une tradition qui voulait que ces décisions remontent en Conseil des ministres pour que le Président les approuve et leur donne un caractère d’exécution effectif.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour des considérations qui sont quelque peu difficiles à cerner dans leur fond, le Président a approuvé les décisions de cette 12e tripartite la semaine dernière, lors d’un Conseil interministériel qu’il a présidé avec les ministres concernés directement par leur mise en oeuvre.
Posté Le : 02/10/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.quotidien-oran.com