Algérie

Le silence (pesant) du chef de l'Etat



Quand un mal est profond dans un pays, la tradition veut que ce soit le président de la République qui monte au créneau. Lui seul est en mesure d'apporter les réponses qu'attend la population, lui seul est capable de désamorcer la crise. Lorsqu'il ne réagit pas, il donne l'impression de se dérober devant ses responsabilités, de faire fi des attentes des citoyens ou bien encore de ne pas maîtriser la situation. Plusieurs jours après les graves révélations sur les affaires de corruption, le président Bouteflika reste confiné dans le silence total, ce qui est de nature à accentuer le malaise chez les citoyens qui ne comprennent pas, effarés, que la mamelle de l'Algérie, Sonatrach, qui devait être préservée par l'Etat comme la prunelle des yeux, puisse être dilapidée et que le principal chantier de la décennie 2000, l'autoroute Est-Ouest, en arrive à subir le même sort. Ce projet devait être la fierté des mandats présidentiels et aussi de tous les Algériens.Plusieurs entreprises publiques sont également dans le collimateur de la justice pour les mêmes crimes. Le trouble de la population a été accentué par l'intervention du Premier ministre resté évasif, voire ambigu sur les affaires de corruption et par les déclarations éparses des ministres des secteurs concernés tentant de tirer leur épingle du jeu, s'embourbant dans leurs contradictions, ne trouvant mieux que d'accuser la... presse. En outre, le malaise a été accentué par le sentiment que seuls les cadres de seconde zone sont traînés devant la justice alors que les ministres, eux, bénéficieraient d'une certaine impunité, exactement comme lors de l'affaire Khalifa. Alors qu'est-ce qui explique ce silence du président de la République y compris sur les graves conflits sociaux qui agitent l'ensemble des secteurs d'activité et sur la montée de la paupérisation au sein des populations ' Depuis fort longtemps, exceptée la parenthèse de la campagne présidentielle d'avril 2009, Bouteflika s'est dicté de s'adresser le moins possible à ses administrés pour des raisons que l'on ignore d'ailleurs. Il ne communique plus qu'avec des déclarations et messages publiés à l'issue de (rares) Conseils des ministres ou à la faveur de dates commémoratives et lus avec emphase au J.T. de 20h.Lors du match historique de Khartoum entre l'équipe nationale de foot et celle de l'Egypte, Bouteflika a raté une belle occasion (pour son image) d'accompagner sa décision d'envoyer des milliers de supporters dans la capitale soudanaise d'un discours à la nation. Il avait là l'occasion de faire vibrer la fibre patriotique algérienne en répliquant fermement à la campagne hystérique égyptienne contre l'histoire et la culture algériennes. Depuis des années, Bouteflika a rompu tout lien direct avec les citoyens, un lien que ces derniers affectionnaient pourtant car il leur permettait de saisir les messages présidentiels avec le langage approprié et une certaine dose d'émotion même si elle était feinte souvent. Le président de la République est perdant à ce jeu-là car il est admis qu'un leader politique perd la confiance politique de ses électeurs lorsqu'il rompt avec eux toute communication directe. Ce qu'a compris quelqu'un comme Chavez, chef de l'Etat du Venezuela.


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