Algérie

Le silence est une arme à double tranchant



On s'en souvient, quand le président Bouteflika était hospitalisé en France, la communication officielle était aussi absente que la neige au mois d'août. Après quelques semaines de suspense soutenable, ce fut cheb Mami qui sortit l'Algérie de son inquiétude, sortant lui-même d'une visite privée à la clinique militaire française. « Je l'ai vu », avait-il déclaré, le sourire aux lèvres.Tout va bien, il va bien. Aucun ministre ni porte-parole du gouvernement ou même planton de la présidence n'avait osé s'exprimer sur ce sujet tabou ; la parole vint d'un chanteur de raï. Absurdité du calendrier politique, au moment où le même Mami croupit dans une prison française pour avortement au forceps, un général français accuse l'armée algérienne d'avoir assassiné des moines.Ni ministre ni général algérien, et bien évidemment ni le président n'est sorti de sa réserve pour contre-attaquer ou apporter un démenti officiel. Quelques journaux se sont mis au garde-à-vous, mais rien de très hiérarchique. Le seul ' Abdelhak Layada, l'un des fondateurs du GIA et repenti amnistié, apporte un démenti officiel : « C'est le GIA qui a tué les moines. » A-t-il été approché pour s'exprimer ou l'a-t-il fait sur une initiative personnelle, estimant que l'armée et l'Etat, c'est lui ' Question qui sera l'objet du prochain feuilleton puisque selon la rumeur, l'ancien chef du GIA est annoncé membre du parti du frère du Président. Rumeur mais qui en dit long sur les capacités d'assimilation d'un pays éponge qui absorbe la chose et son contraire.Du GIA au parti présidentiel, que de chemin parcouru dans une Algérie de la communication ainsi faite aujourd'hui, construite en silence sur un dérapage total des sens : le porte-parole de la Présidence est un changeur de raï, aujourd'hui en prison en France ; le porte-parole de la Défense est un ancien du GIA, aujourd'hui milliardaire en Algérie.


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