Le cercle de la terreur Le dernier recueil de Ahmed Taleb, Le silence des poètes, nous replonge en plein cœur de la décennie du terrorisme. Au commencement était la peur.
Peur sur la ville se rappelle l’auteur qui va nous conduire à travers une série de personnages dans l’horreur et la barbarie qu’a connues l’Algérie durant plus de dix ans. « Que de drames avons-nous vécus, qui font que je ne peux plus aimer la nuit. » La nuit qu’affectionnent ces assassins surgis des âges farouches pour tuer froidement leurs frères et sœurs, n’épargnant ni infirme ni nourrisson.
Vainement, Ahmed Taleb essaie de comprendre les origines de cette démence qui pousse le fils d’un commissaire de police à vouloir tuer son propre géniteur en qui il voit le symbole de la tyrannie qui s’est abattue sur ses « frères d’Islam ». Mais en définitive, c’est le commissaire qui tuera son rejeton après avoir pris soin de décharger à son insu l’arme que lui avaient confiée les frères pour tuer ou plutôt pour exécuter dans un élan rédempteur le « taghout » (tyran).
La famille éclatée disparaît dans un destin tragique. Le père infanticide s’est pendu aux barreaux de sa cellule. La mère finira ses jours dans la folie et la sœur au bord du trottoir... Horreur et détresse tout au long de ce silence des poètes vécues nuit après nuit. Indicible peur de la mort semée par ces hordes d’assassins, de terroristes que ne parvient pas à conjurer l’ange déchu que la croyance populaire a perpétué en un simple mortel à travers les traits d’un vieillard chargé par Dieu de tisser des cordes blanches et des cordes noires à travers les jours qui passent.
Une succession de drames à l’instar de celui du fils du gros commerçant qui perd sa fiancée, étudiante en médecine, dans un faux barrage dressé par les terroristes. Violée et mutilée, la jeune succombera à ses blessures. Son fiancé laissé pour mort par ces « afghans » fuyant l’horreur va connaître l’exil et la déchéance. Succession de drames effroyables, d’horreurs sans limites au fil des pages de ce recueil bercé par la litanie du poète Aït Menguellet qui chante l’espoir, la nuit qui se dissipe enfin laissant la place à la clarté.
Le silence des poètes publié aux éditions l’Harmattan est le second ouvrage de Ahmed Taleb, après Amour d’une guerre paru en 2004. Né en 1950 au cœur de le Kabylie, l’auteur, ancien normalien et enseignant depuis les années 1970, milite pour la cause berbère.
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Posté Le : 03/11/2007
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : dzlit.free.fr