Algérie

Le silence de Bouteflika sur la présidentielle les a démasqués: Ces partis qui naviguent à vue !



Incapables de se situer et de prendre clairement position vis-à-vis de l'élection présidentielle, nombre d'acteurs politiques ont misé sur la dernière réunion du Conseil des ministres pour enfin se libérer d'une situation d'attente qui n'a que trop duré.Leur seul espoir est que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, intervienne à cette occasion dans le débat. Il n'en fut rien. Le chef de l'Etat a limité cette réunion à son strict ordre du jour, qu'est le vote de la Loi de finances pour l'année 2019 et l'adoption d'un certain nombre de projets de lois et de décisions. La classe politique est donc restée sur sa faim. Depuis jeudi, les principaux chefs de partis politiques du pouvoir et de l'opposition qui occupaient la scène se sont retranchés dans leurs quartiers généraux. On n'entend ni Abderrezak Makri, ni Louisa Hanoune, ni même Amar Ghoul et Moad Bouchareb. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), avait fait la «prophétie» d'annonces importantes du Président en fin de semaine dernière, alors que le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) suspendait la «décision finale» de son parti à ce qu'annoncerait Bouteflika «prochainement» pour reprendre ses propos. Mais le président de la République ne semble pas avoir été influencé par ceux qui voulaient, en quelque sorte, lui forcer la main et l'amener à distiller des messages à travers le communiqué du Conseil des ministres. Pour l'élection présidentielle, le chef de l'Etat a encore jusqu'à la mi-janvier pour convoquer le corps électoral, si l'échéance est maintenue dans ses délais. Sinon, rien ne l'oblige à mélanger débat politique et exercice de ses fonctions en tant que Président. Candidat ou pas candidat, report de la présidentielle ou convocation d'une conférence nationale, ce n'est sûrement pas en Conseil des ministres que ça se décide. Au sein des partis du pouvoir comme chez l'opposition, le suspense est maintenu. Tout le monde est perdu, plus encore après le rendez-vous de jeudi dernier. Certes, les élections portant renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation ont été au centre des préoccupations, ce week-end. Mais force est d'admettre que la classe politique est, depuis, en panne d'idées. Amar Ghoul a disparu des radars et ne multiplie plus ses conférences de presse pour défendre son initiative. Au sein du FLN, la fausse lettre attribuée à Moad Bouchareb sur la page facebook du parti a semé le doute. L'incident vite maîtrisé le lendemain par un démenti du concerné prouve on ne peut plus clair que le FLN, malgré son «soutien indéfectible à Bouteflika», n'a pas encore trouvé son chemin. Quant à Makri, très actif sur l'espace bleu, il n'a pas trouvé mieux que de critiquer la décision portant création d'un pôle pénal financier pour lutter contre la corruption. Un projet de loi viendra donc compléter la loi de 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. «Ces agences et institutions ne servent que de décors d'image», a écrit hier le président du MSP. En tout état de cause, le président Bouteflika a, par son silence sur le scrutin présidentiel, démontré une fois de plus combien la classe politique manquait de cap et de stratégie. Sinon, il y a une élection présidentielle qui arrive dans moins de quatre mois, et tous les prétendants sérieux devraient déjà être sur le terrain à proposer des solutions aux problèmes des Algériens. Rester suspendu à la seule position que prendra le chef de l'Etat est, en soi, signe d'incapacité à s'adapter et à évoluer dans n'importe quel environnement politique. En théorie, les partis politiques sont des structures, un programme et des objectifs. Hélas, en pratique, il n'y a que les calculs qui comptent.


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