Algérie

Le silence d'Alger


Le silence d'Alger
La réaction officielle de l'Algérie à la suite de la bousculade de Mina, qui a eu lieu le 24 septembre dernier, et qui a fait quelque 24 morts et des dizaines de blessés parmi les pèlerins algériens, suscite étonnement, déception et beaucoup d'interrogations. À l'exception de l'Iran, l'Algérie a, comme les autres pays musulmans, opté pour le langage de la fatalité. Dans un message adressé au souverain saoudien, Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud, le président Bouteflika a présenté à ce dernier ses condoléances "les plus attristées", tout en lui signifiant sa résignation "devant la volonté de Dieu". Pas un mot aux familles algériennes ayant perdu un des leurs, ni même aux hadjis blessés ou aux survivants. Quant aux communiqués laconiques du MAE, ils livraient ? et livrent encore ? des bilans provisoires et l'identité des "nouvelles" personnes décédées. Certes, il y a eu mort d'hommes et de femmes, un drame qui recommande sagesse et sobriété, mais pas au point de taire toute critique objective sur une hécatombe ayant coûté la vie à des milliers de personnes. C'est pourquoi la sortie du ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a étonné plus d'un. Tout en refusant la "politisation" de l'accident de Mina, par l'Algérie, et tout en rejetant toute "position accusatrice à l'encontre des Saoudiens", Mohamed Aïssa s'est gardé de faire tout commentaire accablant envers Riyad, préférant diriger ses critiques notamment contre "certaines" agences de voyages nationales et les Algériens ayant "envoyé leurs parents à La Mecque nonobstant leur état mental déficient".Sur les réseaux sociaux, les commentaires et les initiatives de solidarité n'ont pas cessé à ce jour. D'ailleurs, bon nombre de citoyens s'interrogent sur les raisons du "silence" de l'Algérie officielle et du "manque de fermeté" des dirigeants, en rappelant le droit au respect et à la dignité des victimes algériennes. D'aucuns déplorent le recul algérien, alors que "les Iraniens osent dire leurs quatre vérités", en reprochant aux autorités saoudiennes de s'acharner sur les hadjis, accusés d'avoir été indisciplinés, au lieu de "présenter des excuses" comme l'a demandé Téhéran. D'autres encore, faisant écho à certains experts, relèvent : "Ce pouvoir nous a rendus des sous-citoyens." Pour notre part, nous retiendrons que malgré la promesse de rendre publics, rapidement, les résultats de l'enquête sur la bousculade de Mina, l'Arabie saoudite n'a présenté rien de palpable jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, Riyad refuse d'établir les listes de personnes décédées selon leurs nationalités, laissant à chaque pays le soin de recenser ses propres morts, au fur et à mesure qu'ils sont identifiés.C'est particulièrement le cas de l'Algérie qui continue à compter ses morts, au grand malheur des dizaines de familles, toujours à l'affût des informations fragmentaires. Si le gouvernement algérien s'était montré assez ferme, dès le départ, en situant clairement la responsabilité et les devoirs du pays hôte envers nos pèlerins et en l'interpellant en tant que tel, les choses auraient-elles évolué de la sorte ' Serait-on encore à dénombrer nos morts et à enquêter sur nos disparus ' Il est clair que le contexte actuel, tant régional qu'international, est en faveur du plus grand producteur mondial de brut, également allié des Etats-Unis, mais cela explique-t-il à lui seul la position timide et les hésitations de l'Algérie vis-à-vis de l'Etat saoudien ' En tout cas, la majorité des Algériens ne se reconnaît pas dans une telle attitude !H. A.


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