Algérie

Le silence craintif des enfants maltraités



A la rue du Capitaine Menani, rue des écoles pour les riverains, certains enseignants et enseignantes continuent de sévir en « maltraitant » leurs élèves. Alors que la circulaire ministérielle stipulant l'interdiction des punitions physiques est envoyée à chaque rentrée scolaire aux chefs d'établissements. Si les adolescents et adolescentes ont le pouvoir d'évoquer leurs droits, il en est tout autrement des tout petits du préscolaire ou du primaire. Zohra est maman d'un petit garçon de 7 ans, Mehdi. C'est elle qui est venue nous pour parler de son enfant scolarisé dans un des établissements d'Alger. Et de nous dire : « Mon fils est littéralement brimé tous les jours. Pincements de la joue, parfois les oreilles tirées, les claques et j'en passe... Avant d'aller à l'école, il est dans un tel état d'appréhension qui me rend malheureuse. Je suis allée voir son enseignante mais rien n'y fait. Mehdi reste son souffre-douleur... » Même souffrance physique et morale pour Nadir, 5 ans en préscolaire. Son père, Sid Ali, est révolté. « Il rentre souvent avec des bleus sur les joues. A chaque fois, il me dit qu'il s'est cogné. Par la suite, il trouvait des excuses pour ne pas aller en classe, mal aux dents, à la tête, nausées, des petits bobos auxquels j'y ai cru au début. Puis un jour, il revient avec une plaque rouge au visage. J'étais en fureur, j'avais compris que c'est l'institutrice qui l'avait giflé. Le plus dur pour moi c'est qu'il niait en m'accusant moi son père de l'avoir battu, alors qu'il venait de rentrer ! Je ne suis pas violent de nature, de surcroît avec les enfants. Ce jour-là, je suis resté à la maison avec lui, abandonnant mon travail. Mon fils avait de la fièvre tant il avait peur. Puis peu à peu, il m'a raconté son calvaire à l'école, me suppliant de ne pas aller la voir », raconte-il. Sid-Ali ira voir le directeur d'école pour le mettre en garde contre les dépassements de cette dame. « Ce responsable m'a répondu que cette enseignante avait des problèmes psychologiques suite à des différends familiaux », résume le père. Ahmed, 6 ans, est en première année primaire scolarisé à Alger-Centre. Ce petit bonhomme bien dans sa peau, éveillé, souffre également en silence des brimades et punitions de sa maîtresse. « Mon fils ne m'a jamais dit qu'il subissait des sévices de sa jeune institutrice. Il a fallu qu'un petit voisin inscrit dans la même classe que lui vienne me prévenir sur ce que subit Ahmed. Mon fils est le souffre-douleur de la classe », se plaint sa maman, elle-même enseignante. Mais contrairement au père de Nadir, elle a pris soin de ne pas évoquer le sujet avec l'institutrice incriminée de peur de voir son fils subir des représailles. « En plus, mon enfant me suppliait de ne pas lui en parler », souffle-t-elle. Alors il arrive souvent que l'enfant vienne le cuir chevelu douloureux. En fait, la maîtresse pour le corriger a pris l'habitude de lui tirer brutalement les cheveux jusqu'à les lui arracher. Mais face à cette maltraitance, nombre de parents refusent le fait accompli. Nabila, maman de Farid 10 ans, n'est pas allée par quatre chemins quand elle a vu son fils revenir avec un bleu sur le visage. « Je suis allée le lendemain parler à son enseignante sans prendre de gant. Depuis, elle n'a plus recommencé », assure-t-elle. Du côté de la direction de l'Académie d'Alger, on rappelle la circulaire ministérielle qui interdit les châtiments corporels à l'école. « Nous signalons que les portes des établissements sont ouvertes à toute doléance des parents et nous comptons sur leur implication pour dénoncer les maltraitances ou sévices », affirme un responsable de l'Académie, avec toutefois ce rappel : « Il ne faut pas oublier qu'il est également interdit qu'il y ait des dépassements de la part de l'élève envers les corps enseignant et administratif ».


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