Algérie

Le signalement demeure problématique



Le témoignage de Mohamed a effrayé toute l'assistance venue participer à  la journée d'échange sur les violences sexuelles contre les enfants organisée jeudi par le réseau Nada au centre culturel Azzedine Medjoubi à  Alger. Les paroles de l'enfant victime constituent-elles une preuve probante pour la condamnation de l'auteur d'abus sexuel ' se demandent les participants. Selon les lois en vigueur, l'expertise médico-légale demeure le seul moyen permettant l'identification de l'enfant victime d'abus sexuel. «Concernant le signalement de tout acte de violence, notamment des violences et abus sexuels, aucun mécanisme n'existe à  ce jour. Seuls les professionnels de santé, […] sont tenus de signaler par ''obligation morale tout sévices repérés», a noté le rapport final de l'étude traitant de la violence sexuelle sur enfants réalisée par l'ATDAP. Durant cette année, 1359 enfants ont subi des violences sexuelles, dont 781 sur des filles, selon des sources officielles. Mais ces statistiques sont-elles représentatives, quand on sait que ce sujet demeure tabou dans la société algérienne. Nombreuses sont les familles qui font tout pour étouffer ce genre d'affaire. L'attitude des gens à  l'égard de l'enfant victime est toujours l'argument avancé par les parents. De plus, quand il s'agit d'inceste, c'est toujours l'honneur de la famille qui prime sur l'intérêt de l'enfant. Ce dernier demeure, dans la quasi-totalité des cas, sans aucune prise en charge médicale et psychologique.
Le rapport d'ATDAP fait état d'un dysfonctionnement entre le système de protection mis en place par l'Etat et les acteurs sur le terrain : les associations s'occupent du repérage et de l'orientation. C'est pourquoi, les participants, en particulier les psychologues, insistent sur la prise en considération de l'expertise psychologique dans le signalement d'abus sexuel sur enfants.
Afin de minimiser l'impact de ce fléau, un groupe de personnalités qui s'occupera du plaidoyer politique s'est constitué. Le plan d'action de ce groupe va commencer dans les prochains jours, selon Nordine Ben Brahim, responsable des Scouts musulmans algériens. Le  groupe est constitué essentiellement d'avocats, de parlementaires, de médecins, de journalistes, de réalisateurs et d'acteurs de cinéma. «L'objectif est de sortir ce genre d'agression du statut fait divers», a-t-il déclaré en marge de cette rencontre. M. Ben Brahim estime que le traitement réservé par les médias pour ces faits divers compromet la prise en charge sociale de l'enfant, notamment quand le journaliste dévoile l'identité de l'enfant victime d'agression sexuelle. «L'identité de l'enfant doit àªtre préservée. Il ne faut pas scandaliser sa vie», a-t-il insisté.  

 


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