Le sifflet ou l'impasse Point Net

Le FLN vient de nous en faire la preuve par trois' fois deux : pour ce qu'il y a à faire entre deux élections dans ce parti et quasiment dans tous les autres, on peut très bien se passer d'un secrétaire général. Cela fait donc plus d'un semestre que le FLN n'a plus de leader organique et on n'a vu ni son «état-major» ni sa «base militante» s'inquiéter outre mesure du retour à la vie statutaire de leur parti.Bien sûr, l'état-major est désintégré du fait que le successeur «spontané» à Belkhadem a tardé à venir et sans doute, il ne viendra jamais comme dans la tradition. La base militante, elle, est une vue de l'esprit.
On ne peut même pas en bricoler une, faute de mission lisible à lui confier. Mais le fait est qu'on était dans une situation inédite.
Ce n'était pas vraiment l'entre-deux élections. L'échéance présidentielle n'était pas très lointaine et on a peut-être un peu trop vite situé la disgrâce de Belkhadem dans cette perspective là.
Il doit bien y avoir une relation mais pas avec la clarté qu'on a cru y déceler. Ou souhaiter. Et la ligne de clivage politique étant mine entre ceux qui souhaitaient le garder avec l'arrière pensée qu'il n'a aucune chance pour la fonction suprême et ceux qui ont travaillé à sa destitution pour le priver d'un tremplin après tout envisageable, ça a chauffé sans réelle enjeu.
Parce que l'enjeu, ce n'est pas vraiment de désigner un secrétaire général mais de se positionner pour la mère de toutes les batailles.
Symptomatique d'une invivable incertitude, l'attente s'est fait longue, trop longue dans une maison où on n'est pas préparé pour l'épreuve.
Au FLN, c'est juste si on s'apprêtait à un «round d'observation» comme on dit dans la boxe. On a bien tenté de le meubler de bric et de broc en évoquant une panoplie de candidatures, allant des plus farfelues aux plus invraisemblables.
Même la ligne de démarcation entre «loyalistes» et «redresseurs», déjà bien rachitique a fini par voler en éclats.
D'abord, parce qu'elle n'est pas d'essence programmatique ou principielle, ensuite parce qu'on ne peut pas longtemps fonctionner sur la divergence autour d'un homme qui, en plus, n'est plus là.
Et pour ramener définitivement cette «division» à sa nature artificielle, on a encore attendu le coup de sifflet qui allait mettre fin à la récréation dans une cour qui n'a pas l'habitude de l'insubordination.
Un sifflet resté bien muet, ce qui prolonge le calvaire jusqu'à n'en plus tenir et poussé à son paroxysme par les problèmes de santé de Abdelaziz Bouteflika dont l'éventualité d'un autre mandat devient de plus en plus improbable.
Cela ne renforce pas pour autant le futur secrétaire général du FLN dans ses capacités de peser sur la prochaine élection présidentielle.
Une fois désespérés d'un patron venu du ciel, on s'attelle maintenant à en trouver un, avec une option préalable ou possible, d'obtenir l'onction suprême. Le problème est qu'au sein du personnel à solliciter, il n'y a que des hommes suffisamment rompus à la manœuvre pour savoir d'où souffle le vent.
Et pour cause, ils appartiennent à la même matrice politique et de ce fait que le FLN, au point où il en est, est loin d'être une assurance tous risques pour consacrer leur ambition.
Même si on ne «travaille» désormais que pour ça. Parce qu'après avoir fonctionné sans secrétaire général pendant près de sept mois, on fait maintenant l'impasse sur la désignation du bureau de l'Assemblée nationale, après avoir mis en veilleuse toutes les structures organiques du parti.
Difficile dans ces conditions de se remettre en rangs de bataille et susciter une candidature sérieuse extramuros. A moins que quelque part, on n'ait pas totalement avalé le sifflet, les voies du seigneur étant impénétrables.