On ne mesure pas encore tout l'impact de la victoire de l'équipe algérienne de football, et à l'inverse, la défaite infligée à son homologue égyptienne samedi à Khartoum.
L'indicateur en est, cette fois, le traitement médiatique de cette rencontre de football et de quelle manière elle a été accueillie à travers le monde, car c'est bien le cas. Et là, on en est à bien revoir ses manuels de journalisme et relever à quel point chaque mot a son importance, surtout s'agissant de qualificatifs. De ce point de vue, tous ceux qui ont parlé de la victoire algérienne n'en ont pas été avares et cela tout à l'honneur des Algériens. « L'Algérie remporte la bataille d'Omdurman grâce à Antar Yahia et s'assure une place au soleil au Mondial sud-africain, cruelle désillusion en Egypte ». C'est l'un des titres d'un quotidien arabe. Et il y en a beaucoup comme cela. Pour saluer l'Algérie qui représentera le monde arabe.En ce qui concerne l'accueil populaire cette fois, disons d'abord que les Algériens, où qu'ils se trouvent, ont battu le pavé et occupé tous les espaces sur tous les continents pour manifester leur joie. Mais ce que l'on relèvera de cette manifestation de joie, c'est que les Algériens n'étaient pas seuls. Les ressortissants d'autres communautés arabes vivant en Europe ou aux Etats-Unis leur ont apporté leur soutien, leur emblème national en tête de cortège comme s'ils tenaient à se faire connaître. C'est la grande nouveauté et ceux qui y ont pris part ne l'ont certainement pas fait rien que pour se défouler. Ils l'ont fait en connaissance de cause. Un choix délibéré, et c'est comme cela que doit être interprété ce geste hautement symbolique.Même tendance dans les écrits de journalistes, dévoilant un sentiment, celui du refus de l'injustice. Mais leur persistance incite à aller au devant des choses qui ont marqué le monde arabe et que celui-ci tend de plus en plus à rejeter. C'est de cette notion de leadership qu'il s'agit et qui n'a plus de sens. On ne se décrète pas leader ou encore plus conscience d'un ensemble qui réfléchit différemment et obéit à d'autres considérations. Personne, en ce sens, n'a oublié de quelle manière ont procédé les Egyptiens en 1990 pour récupérer le siège de la Ligue arabe, déplacé en 1979 à la suite des accords égypto-israéliens de Camp David. Jusqu'au débat lancé par l'Algérie déclarant que cette même Ligue arabe ne doit pas être une annexe du ministère égyptien des Affaires étrangères. C'est de cette manière que s'exerce justement ce dessein hégémonique et la volonté de l'Algérie était de l'en soustraire et que l'institution fonctionne comme d'autres à travers le monde et pas pour un seul pays. Les opinions arabes semblent excédées par rapport à cette règle non écrite. Ou encore par rapport à un double discours qui prive ce qu'on appelle communément le consensus arabe de toute substance. Le coup de grâce a été donné par la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui a promis d'attaquer les Palestiniens. Elle l'a fait depuis le sol égyptien, en présence du chef de l'Etat égyptien Hosni Moubarak. Pour la grande majorité des Arabes, les conclusions à tirer de l'agression lancée par Israël contre la bande de Ghaza, quelques jours plus tard, étaient faciles à tirer. Ce qui ôtera tout sérieux aux autres accusations égyptiennes. D'abord contre une menace nucléaire iranienne, ou encore ces agents du Hezbollah libanais infiltrés en Egypte.Mais ce qui est par contre sûr, c'est le rapport de ce pays avec d'autres pays. Les Etats-Unis en tête où une bonne partie de la classe politique considère que l'Egypte ne joue pas de rôle important et ont en cela adopté une résolution demandant l'arrêt de l'aide américaine, seconde en importance après celle accordée à Israël. Même Israël de Benyamin Netanyahu avait exclu, en 1995, l'Egypte de la nouvelle sphère de coopération pour le Proche-Orient, soulignant alors que le Sinaï constituait une bonne frontière naturelle avec cette zone, amenant les Egyptiens à demander officiellement à adhérer à l'Union du Maghreb arabe (UMA). C'était en 1995. Un problème se pose donc pour l'Egypte et il ne saurait s'expliquer par ces accusations de complot extérieur, comme l'a fait, pour le match de football Algérie-Egypte, le ministre égyptien des Affaires étrangères. Ou encore cette montée au créneau contre le nucléaire iranien, laissant de côté un arsenal israélien pourtant avéré, ou encore ce commando de militants supposés du Hezbollah libanais. Cela ne tient plus. L'opinion a besoin de bien meilleurs arguments. Et d'entendre autre chose. Quelque chose qui va avec son temps. Et l'Egypte semble avoir épuisé les siens. Et le leadership qu'elle veut imposer aux autres. Même en football.
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Posté Le : 22/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : T. Hocine
Source : www.elwatan.com