Algérie

Le show



Le show

Sept minutes de lecture, c'est le temps de parcourir deux feuillets imprimés en police 12, alinéa 1 sur 35 lignes.Il ne fallait pas, pour cela, dépenser autant d'énergie, réunir un aéropage de personnalités que l'on suppose occupées à d'autres tâches. Un simple échange de courriels aurait fait l'affaire. C'est ce que le Dr Taleb Ibrahimi et l'ancien Premier ministre Ahmed Ghozali ont certainement compris. Ce qui expliquerait leur absence. Leur excuse de ne pas en être ne tient pas la course. S'ils tenaient cette occasion pour aussi cruciale qu'on a voulu la présenter, rien ne les aurait retenus. En première analyse donc, on est amené à conclure que les politiques algériens succombent également à la fièvre de la communication. Chacun trouvant les moyens de se distinguer.Il ne s'agit pas là de réduire le forum des «opposants» à une simple rencontre entre gens de bonne compagnie. Cette agglomération d'idées autour d'un axe central, une préoccupation commune qui est l'avenir du pays - et sa gestion - est tout à fait louable. Nous avons milité pour qu'elle prenne forme et se consolide. Pourtant…Si le casting est bon, le scénario est bâclé.En parcourant les articles de presse consacrés à l' «événement», je me suis surpris à plaindre mes collègues, «volontaires» pour le changement, qui cherchaient dans cette «rencontre du troisième type» des messages subliminaux. Ils en ont eu pour leurs frais. Rien, en fait, que l'on ne sut déjà. Qui ne fut dit, déjà, par les invités.Pourquoi donc ce show 'Pour exister. S'en convaincre.Je crains, comme ils s'y sont pris, que ce ne sera qu'un pétard mouillé qui noiera toute une population «ès-changement» à l'abattement.Les invités, issus du sérail, savent pourtant ce qu'un congrès - ou une réunion de cette dimension - veut dire. Ce qu'elle exige comme préparation, comme contacts préalables à la grande fête de rassemblement. Même quand le terrain est balisé. Ils nous en ont concocté des dizaines. Des congrès du FLN en passant par ceux de l'UGTA, de l'UNJA, de l'UNFA, de l'organisation des paysans et autres, lesquels, à l'exception du FLN, se terminent tous ou toutes par «A», qui tient lieu d'Algérie, de lieu de naissance comme pour s'en convaincre. Tous les organisateurs de ces rencontres d'appendices de la maison mère, le FLN, avaient les résolutions finales prêtes avant même l'envoi des invitations à participer. Vrai. Comme cela se passe partout ailleurs dans le monde, il ne faut pas se faire d'illusion.Ce qui diffère, cependant, d'une assemblée à une autre, c'est le contenu. Ce que l'on y met. Les résolutions du Congrès de la Soummam ne ressemblent en rien au premier Congrès du FLN. N'est-ce pas 'En y mettant du leur, dans sa préparation, notamment les préalables - fondements politiques de référence, militants, un parti organisé -, ils nous auraient fait l'économie d'une réunion qui, somme toute, n'aurait dû déboucher que sur la seule idée qui eut valu la peine : un accord pour la convocation d'une assemblée constituante bénéficiant de l'engagement des milliers de militants dont ils nous auraient fourni les chiffres. Avec une feuille de route. Et les moyens légaux de protestation pour parvenir à leurs fins.Comme la démission collective des élus des partis représentés siégeant dans les deux chambres.Par exemple.Là, la communication aurait été forte.Elle aurait fait bouger les lignes.Et encore ! Ce ne serait pas sans l'intervention de l'armée dans ce «putsch» mou, qui ne dit pas son nom. Parce que, dans l'histoire politique, un régime n'a jamais ouvert la voie à une Constituante si cette constituante n'adopte pas la constitution qu'il propose. Le sur-mesure. Ou alors, il est suicidaire. Schizophrénique.Ainsi donc, la prise de pouvoir ce n'est pas une rencontre fortuite, accidentelle, entre un peuple et son pays au coin d'une rue sombre. Interrogez l'histoire, elle vous le dira. Elle exige des idées fortes, une préparation, des actions didactiques et des militants, surtout, pour les porter. Je suis encore curieux de connaître la somme de tous les militants que ces illustres personnages se sont auto-désignés pour porter leurs idées. Parce qu'à ce jour, pour ne parler que de partis politiques, je n'en ai connu que deux, historiques, qui peuvent se prévaloir d'un électorat fidèle. Le FLN, par habitude et confort. Le FFS, par la force des convictions. Même lorsqu'elles sont parfois excessives et discutables comme il sied à tout parti d'opposition avant de connaître, à son tour, les contraintes de la gestion d'un Etat et ses obligations nationales et internationales.




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