Algérie

«Le seul moyen pour sortir du chaos»


Comme prévu, le maréchal libyen Khalifa Haftar, qualifié souvent par les médias occidentaux d'«homme fort de l'Est», a confirmé, hier, sa candidature à la présidentielle du 24 décembre prochain, dans un discours retransmis en direct à la télévision. «Je déclare ma candidature à l'élection présidentielle, non pas parce que je cours après le pouvoir mais pour conduire notre peuple en cette période cruciale vers la gloire, le progrès et la prospérité», a-t-il assuré à partir de son fief, Benghazi. Soutenu par certains acteurs régionaux impliqués dans la crise libyenne comme l'Egypte, les Emirats ainsi que la Russie et la France, Haftar semble répondre à Seif El Islam El Gueddhafi, qui avait confirmé sa candidature deux jours plus tôt, suscitant une levée de boucliers dans la région Tripolitaine, notamment à Misrata dont les puissantes milices ne veulent pas de «responsables issus du régime de Maamar El Gueddhafi.»La candidature de Haftar, 77 ans, n'est pas vfraiment une surprise puisqu'il avait «provisoirement» quitté ses fonctions de chef militaire de l'autoproclamée armée nationale libyenne (ANL) le 22 septembre, comme l'exigeait la loi électorale à peine adoptée par le Parlement de Tobrouk dont le président, Saleh Aguila, est un proche du maréchal. Cette loi fait l'objet de vives critiques car elle permet à Haftar d'être tout à la fois candidat et de récupérer sa fonction militaire en cas d'échec à la présidentielle.
En outre, ses adversaires ne cessent de dénoncer son ambition d'instaurer une dictature militaire, malgré son cuisant échec dans l'offensive lancée contre le GNA de Fayez al Serraj et Tripoli en 2019. Sous sa férule, le pays reste en proie à des divisions, des violences parfois sanglantes et à d'incessantes luttes de pouvoir entre clans rivaux à l'est comme à l'ouest du pays. Tout en
affirmant que l'élection du 24 décembre «est le seul moyen pour sortir la Libye du chaos» - une nouveauté surprenante de sa démarche, après avoir privilégié, des années durant, la carte de la suprématie des armes - Khalifa Haftar semble mettre entre parenthèses ses aventures militaires et sa réputation de va-t-en-guerre au profit d'une conquête du pouvoir par les urnes en misant à fond sur l'enjeu sécuritaire pour les Libyens.
En 2019, il qualifiait ses opposants de «terroristes» et de «mercenaires» tout en se prévalant du titre de «sauveur de la Libye». Son échec face aux milices de la Tripolitaine appuyées par la Turquie aura facilité l'avènement d'un cessez-le-feu en octobre 2020 et l'instauration d'autorités de transition (Conseil présidentiel et gouvernement d'unité nationale) pour baliser la voie à des élections générales sous l'égide
de l'ONU.
Lâché par de puissantes tribus de la Cyrénaïque et par l'Egypte, notamment il s'est éclipsé le temps d'un oubli salvateur puis a choisi de jouer la carte politique en se repositionnant sur l'échiquier du pouvoir. Habitué des déclarations fracassantes, malgré une nette tendance au verbe rare, Haftar a suscité une vive réaction de l'Algérie lorsqu'il a prétendu, en septembre 2018, puis en juin 2021, mener une attaque à sa frontière. Natif de la Cyrénaïque, Khalifa Haftar a réapparu en Libye au moment de la révolte de 2011. Officier dans l'armée qui a renversé, en 1969, la monarchie des Senoussi, il était engagé dans la guerre contre le Tchad, de 1978 à 1987. Capturé à Wadi Doum, près de la frontière tchado-libyenne, il est «effacé» par Maamar El Gueddhafi qui affirme n'avoir «aucun général de ce nom». Libéré de prison par les Américains, lors d'une opération singulière dont on ignore, à ce jour, les tenants et les aboutissants, il obtient l'asile politique aux Etats-Unis dont il acquiert la nationalité et où il réside pendant vingt ans. Rallié à l'opposition, il débarque dans la crise libyenne en octobre 2011, à la conquête du statut de chef d'Etat.
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