Algérie

«Le service civil est un échec total»



- L'un des motifs qui ont poussé les résidents à  durcir le ton semble àªtre le manque de considération affiché par la tutelle quant au Camra. Comment l'expliquez-vous '
Il s'agit surtout de l'absence de volonté d'ouvrir le dialogue affichée par les autorités compétentes. Sur la forme, ils hésitent à  nous contacter officiellement, à  inviter le collectif autonome des résidents algériens. C'est pourtant l'instance qui représente la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité des résidents. Ils doutent de notre représentativité. Pourtant, nous avons donné la preuve, sur le terrain, de l'adhésion et de la mobilisation dont le collectif jouit. En atteste le large taux de suivi de la grève, qui est de quasiment 100% sur tout le territoire national. Il n'y a aucun autre collectif qui puisse se targuer de représenter les résidents. Désormais la tutelle est obligée de nous considérer comme les seuls interlocuteurs. A la naissance du collectif, nous avons regroupé quelque 3500 signatures. Aujourd'hui, nous sommes à  5000 adhérents sur un total de 6400 résidents.
- Il semblerait aussi qu'une note administrative du ministère ait mis le feu aux poudres. Quel est son contenu '
Les résidents ont effectivement été choqués par une note administrative signée par le secrétaire général, envoyée à  l'ensemble des directeurs d'EHS. Il y demandait de procéder à  des défalcations sur salaire pour tous les jours de grève. Mais les chefs de service n'ont pas communiqué de listes de noms, grâce à  l'appui de nos professeurs. Et cette missive a été rédigée au moment même où le ministre de la Santé, en visite officielle à  l'hôpital de Kouba, était interpellé par les résidents et qu'il assurait prendre en charge leurs doléances. Pis encore, dans cette note, il est rappelé que les résidents sont en position de formation, et qu'ils ne peuvent pas influer sur la bonne marche des structures et des services. Donc, grève ou pas grève, cela revient au même. Pourtant, la réalité du terrain clame le contraire. Les résidents sont la cheville ouvrière des services. Nous assurons l'activité des services, les soins et le suivi des malades, la consultation, le bloc opératoire, les gardes, etc. D'ailleurs, l'un des points de notre plateforme est l'élaboration d'un statut du résident qui clarifie avec exactitude ses activités. Nous sommes ballottés entre le statut de fonctionnaire et celui d'étudiant, donc entre le ministère de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur. Pour répondre à  ces propos, il a même été envisagé de boycotter les gardes et le service minimum. Mais à  l'issue d'un sondage auprès de la base, nous avons rejeté la proposition. Malgré le mépris de la tutelle, nous sommes des humanistes et faisons passer avant tout l'intérêt suprême des malades.
- Le service civil est la pierre d'achoppement de vos revendications. Pourquoi exigez-vous sa levée '
Nous demandons sa suppression car, sur la forme, nous estimons que la mesure est discriminatoire. L'ensemble des étudiants algériens est pris en charge gratuitement par l'Etat. Alors, pourquoi est-ce que les autres corporations ne sont pas assujetties à  cette obligation ' Sur le fond, nous invitons les autorités sanitaires à  faire une évaluation objective de cette mesure, qui est appliquée depuis 11 ans. C'est un échec total. Le service civil, comme il a été créé, ne répond aucunement aux besoins réels sanitaires des citoyens algériens. Notamment dans les zones les plus reculées de notre pays, le Grand Sud et les Hauts-Plateaux. La tutelle aime appliquer la politique du chiffre. Les responsables aiment discourir quant à  l'affectation de tant de gynécologues à  Adrar, de tant de chirurgiens à  Tindouf, etc. Mais, en réalité, il n'en est rien. Ces médecins se retrouvent dans la plupart des cas à  évacuer les malades vers Alger, à  dresser des lettres d'évacuation vers les grands centres urbains, les structures hospitalières du Nord.
- Quelles solutions proposez-vous '
Le règlement de ce problème inclut une réforme globale et profonde du système de santé. Les responsables du secteur, avant d'ouvrir un poste budgétaire, doivent d'abord s'assurer de l'existence même d'un service. Par exemple, pour un service gynécologie, il se doit d'y avoir au moins 6 gynécologues. Ainsi, pourquoi ne pas faire des regroupements, dans les chefs-lieux de wilaya, pour qu'il y ait autour le service adéquat, qu'il puisse y avoir un service de gardes. Nous sommes partenaires à  part entière de ces programmes, mais ils ne doivent pas se faire aux dépens des compétences et des carrières. Les moyens doivent àªtre mis à  la disposition des médecins, ainsi que des mesures incitatives. Et si mesures attractives il y a, foule de médecins voudront non seulement exercer dans ces zones, mais s'y installer durablement. Il suffit de les y intéresser. A charge de l'Etat d'assurer les moyens techniques et financiers.

 


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