Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Le cimetière est abandonné aux mauvaises herbes. Rares sont les tombes bien entretenus. Celles de leurs parents n'ont pas résisté au temps. Amel lui rappelle qu'ils étaient des victimes du terrorisme et qu'il y en a eu des milliers. La grâce présidentielle a permis aux criminels et repentis de retrouver leurs familles et une vie normale. Les rescapés de la mort ont eu besoin de soutien psychologique pour retrouver un semblant d'équilibre dans leur vie.Djamila était éprouvée. D'un côté, lorsqu'elle se retrouvait seule, elle pleurait ses parents ; d'un autre, lorsqu'elle était avec Lynda et Momoh, le sourire et la joie de vivre revenaient. Amel s'inquiétait. Elle en parla à Djamel lorsqu'il appela afin d'avoir des nouvelles. Cela faisait des jours qu'elle était venue et elle ne parlait pas de retour.
- Lynda et le petit ont passé quelques jours à l'hôtel. Mais depuis deux jours, ils rentrent chez eux. Nabil venait tous les jours voir son fils et l'emmenait pour les laisser seules.
- Je comprends qu'elles rattrapent le temps perdu et c'est pourquoi je suis aussi patient, dit Djamel. Mais elles délaissent leurs familles. La petite ne dort plus la nuit. Djamila ne cherche pas à parler à notre fils. On fait des nuits blanches, et ma mère me soulage quand elle le peut. Elle est vieille et fatiguée. À ce rythme, on ne va pas tenir longtemps.
- Figure-toi qu'il est aussi à bout. Si Djamila ne rentre pas, ils finiront par se séparer. Lui aussi se montre patient et il n'espère que son départ pour retrouver sa famille et sa vie d'avant. Je pense qu'il vient tous les jours pour lui rappeler ses devoirs envers sa famille, et crois-moi, si cela continue comme ça, il va l'entendre. Il n'est pas prêt à sacrifier sa famille.
- J'espère qu'on n'en arrivera pas là.
Djamel ne voulait pas se quereller avec sa femme. Lorsque le bébé tomba malade et dut être hospitalisé, il ne le lui dit pas. Il ne l'appela plus. Il ne lui parla pas quatre jours. D'ordinaire, c'était lui qui appelait et elle ne s'inquiéta pas lorsque c'était sa belle-mère ou son beau-père qui répondaient et trouvaient un prétexte pour excuser l'absence de son mari. Djamel leur avait demandé de ne rien lui dire. Mais c'était compter sans leur fils Salem qui décrocha à un moment où ils étaient occupés.
Djamila était heureuse de l'entendre. Après lui avoir dit combien elle l'aimait et combien il lui manquait, elle remarqua le silence de la maison.
- Mais où sont-ils passés ' Où est ton père '
- Avec Amel. Maman, elle est malade. Elle ne pleure plus.
- Malade ' Tu sais ce qu'elle a '
- De la fièvre.
- Il lui a donné un médicament ' Il lui donne un bain '
- Non, elle est à l'hôpital.
- À l'hôpital ' Passe-moi ton père, ta grand-mère. Passe-moi quelqu'un.
Djamila l'entendit appeler sa grand-mère et celle-ci lui reprocha d'avoir décroché.
- Vous lui interdisez de me parler, c'est ça ' Vous me cachez que ma fille est malade.
- Tu es avec ta s?ur et on ne voulait pas gâcher tes retrouvailles, dit-elle. C'est ce qui compte, non '
- Pourquoi vous me parlez comme ça ' Salem dit qu'Amel est à l'hôpital. Pourquoi vous ne m'avez pas dit que ma fille était malade '
- Heureuse que tu t'en sois rappelée. Quand tu appelles, c'est pour une minute. C'est à peine si tu prends des nouvelles des enfants, lui reprocha Meriem. Plus rien n'a d'importance à tes yeux. Ni tes enfants ni ton mari. Tu les as abandonnés.
- Je suis avec ma s?ur. Je ne l'ai pas vue depuis des années, lui rappela Djamila. J'essaie de profiter au maximum de sa présence. Un jour, je vais rentrer, promit-elle. Mais dis-moi, est-ce grave ' Qu'a-t-elle au juste '
- Ils ne savent pas, ils cherchent encore.
- C'est grave alors '
- Elle a de la fièvre, elle n'a plus aucune force, dit Meriem. Elle fait peine à voir. Djamila, j'ignore si je fais bien de te le dire mais son état est critique. Si tu tardes, je crois que tu ne la reverras plus.

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