Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Amel les avait emmenées chez elle. Djamila et Lynda purent discuter, en savoir plus l'une sur l'autre. Leur rêve s'était réalisé. Djamila comprenait pourquoi ce besoin vital de revenir au pays l'avait saisie la veille. Elles s'étaient retrouvées après tout ce temps. Et il était compté. Djamila avait sa famille et sa vie, loin du pays. Elle ne voulait pas perdre une seconde, tenant à connaître sa famille et voir où elle vivait. Lynda n'était pas très enthousiaste.-Comme tu es beau ! Tu es mon neveu adoré à partir d'aujourd'hui, dit Djamila en le serrant très fort dans ses bras. Alors, dis-moi, comment t'appelles-tu '
- Mohamed Saïd, en hommage à ses grands-pères. Mais on l'appelle Momoh.
- Que c'est joli, Momoh !, dit Djamila, tenant à se rapprocher de lui. Quel âge as-tu '
L'enfant leva trois doigts.
- Trois ans. Allah ibarek.
Elle lui fit un câlin avant de le laisser retourner près de sa mère, intimidé.
- Qu'Allah te le garde. Il est adorable. Je pense qu'il s'entendra bien avec son cousin et sa cousine. J'ai hâte de les voir ensemble. Ou même qu'on soit tous ensemble, Lynda.
Djamila avait jeté un regard circulaire, dans la pièce principale qui servait de salon et de chambre. Des canapés, une armoire et un coin cuisine qu'elle partageait avec sa belle-s?ur. Ils avaient juste l'essentiel.
- On ne peut pas s'encombrer, faute d'espace, dit Lynda. Aussi parce qu'on veut du neuf pour notre appartement. Ne t'inquiète pas. On y vit heureux. Je te le jure.
- De nos jours, on ne peut plus vivre d'amour et d'eau fraîche.
- Un jour, on aura un appartement tout neuf, dans une cité où il y aura un parc à jeux, poursuit Lynda, en câlinant son fils. Et Momoh y jouera. Il aura des copains.
- Inchallah.
Djamila se demandait combien de temps ils resteraient ici. On connaissait la lenteur administrative et encore plus celle des chantiers. Ils devront attendre des années avant de pouvoir quitter ce bidonville construit avec les moyens du bord durant la décennie noire par les habitants fuyant la barbarie. Ils avaient bien l'eau et l'électricité. Elles avaient beau être aux portes de la capitale, ces baraques ne tiendront pas longtemps.
Elle ne lui dit pas le fond de ses pensées pour ne pas la démoraliser. Lynda était jeune et pleine de rêves. Elle s'y accrochera comme à celui de leurs retrouvailles.
Amel qui les avait amenées en voiture klaxonna.
- On te demande, dit Lynda, en se levant, prenant son fils dans ses bras. Je t'aurais bien invitée à rester pour la nuit mais...
- Pourquoi vous ne venez pas avec moi ' J'ai une chambre d'hôtel et je peux en prendre une seconde. Je ne veux pas me séparer de vous.
Lynda refusa.
- Je ne peux pas laisser ma belle-s?ur seule. Demain, on se voit. J'amènerais Momoh. Je demanderais à mon mari de nous accompagner. Vous devez faire connaissance. Je suis sûre que vous allez bien vous entendre.
- Inchallah. Je ne suis pas difficile, la rassura Djamila. S'il fait ton bonheur, je serai sa meilleure amie, mais s'il ne fait pleurer, ne serait-ce qu'une fois, je serai sa pire ennemie. Je serai sans pitié. Comme les...
Un deuxième coup de klaxon les força à interrompre leur discussion. Elles eurent du mal à se séparer.
- Demain, on vient, promit Lynda. S'il te plaît, laisse-moi ton foulard. Il porte ton parfum, s'excusa-t-elle, alors que Djamila le retirait pour le lui passer autour du cou. Merci. J'ai hâte d'être demain.
- Il m'en coûte de me séparer de vous. Prenez soin de vous.
Elle la serra une dernière fois dans ses bras puis embrassa son neveu avant de rejoindre Amel qui commençait à s'impatienter. Des jeunes les avaient à l'?il, l'air mauvais.
- Ya okhti, tu en as pris du temps, lui reprocha-t-elle en démarrant dès qu'elle claqua la portière. Ce n'est pas un lieu à sortir la nuit.
- Même la journée. Tu as vu leurs regards ' Je comprends pourquoi son mari ne voulait pas qu'elle se rende seule aux manifestations. Elle se mettait en danger à chaque fois qu'elle sortait. L'insécurité régnait, même si le terrorisme ne sévissait plus comme avant.

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