Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Après le dîner, Meriem prétexta être fatiguée et se retira dans sa chambre. Djamila rangeait la cuisine, Djamel l'aida. Seuls dans le salon, à l'aise, autour d'un thé, il lui demanda de lui raconter sa détention. Djamila le fit en évitant les détails. Malgré tout, jusqu'au jour de sa libération, elle avait gardé espoir. Les souvenirs douloureux les firent pleurer. Djamel regrettait de ne pas avoir été là pour la protéger des terroristes. Il savait qu'aucun mot, aucun geste ne pourraient l'apaiser en cet instant.-L'espoir fait vivre et donne la force de s'accrocher coûte que coûte, poursuit-elle. Quand ils nous ont libérées, je pensais et croyais que j'irais directement à la maison. Ils nous ont confiées séparément à des psychologues, placées dans des centres, puis dans les foyers. Pendant quelques temps, j'étais mal. J'avais découvert que j'étais enceinte et je n'en supportais pas l'idée... Je ne me voyais pas enfanter un monstre. La psychologue tentait de me convaincre que ce serait un petit ange et que je l'adorerais une fois que je l'aurais dans les bras. Je le portais dans mon ventre et il me faisait horreur.
-Un ange ne peut pas enfanter un monstre, dit Djamel en remarquant qu'elle avait cessé de pleurer. Toi, tu es un ange ! Ce bébé aurait tenu de toi.
-Qui sait ' Ces monstres avaient des parents comme toi et moi. Ils ne tenaient pas de leurs parents. Alors quand le père est un monstre, on ne doit pas s'attendre à avoir un bébé "normal". C'est dans les gênes, dans le sang... Tu comprends ' Je n'en voulais pas. Je préférais mourir que de le voir naître, poursuit-elle. Je priais, priais... Je n'ai pas cessé de prier... Si Allah m'a sauvée une fois, Il pouvait recommencer. Quand j'ai eu cette fausse-couche, j'ai pensé qu'Il m'avait entendue et qu'Il voulait me soulager. Il ne l'a pas laissé naître.
-Tout ce qu'on vit est écrit. Mektoub... Ya Djamila. Au moment où on m'a dit que tu n'étais pas bien, je voulais être près de toi, dit-il. J'ignorais que tu faisais une fausse-couche. Est-ce bien ou pas, seul Allah le sait. Tout ce qui compte maintenant est que tu ailles bien.
-Quand je t'ai vu tout à l'heure, je croyais rêver. J'avais cherché après vous, mais vous aviez déménagé. Chaque matin, j'allais attendre en face. J'espérais que si tu avais vu Louisa, elle t'aurait dit que je t'attendrais là-bas.
-Louisa m'a dit où te trouver. Nous avons de la chance. Le chauffeur savait où tu travaillais.
-Il m'avait emmenée chez sa mère. Il se doutait bien que je n'avais pas où loger. Khalti Guemra est une bonne femme, très attentionnée. Même si elle ne pouvait pas m'emmener chez elle, elle m'a permis de rester au bain maure. Le matin, elle me ramenait un petit panier.
-Alors, il tient de sa mère. Louanges à Dieu, je t'ai retrouvée. J'étais prêt à passer la ville au peigne fin, à placarder des avis de recherche, pour que tu saches que je te cherchais. Maintenant que nous sommes ensemble, nous nous ne séparerons plus.
-C'est vrai '
-Tu t'en doutes '
La jeune fille haussa les épaules et soupira.
-Là, tu parles sous le coup de l'émotion, dit-elle. Après, tu changeras. Tu ne voudras plus de moi. Tu sais, je ne t'en voudrais pas, affirma-t-elle. Dans le fond, je suis déjà prête.
-Tu te trompes, je ne changerai pas. Mais peut-être que c'est toi qui changeras d'avis lorsque tu sauras tout, dit Djamel, devenu très grave, hésitant à lui dire la vérité. J'ai fait de graves erreurs. J'ai emprunté le mauvais chemin. J'aurais pu finir en prison ou même sous terre. Je ne trouve pas les mots pour t'en parler. Je n'en ai pas le courage. J'éprouve autant de honte que de regrets et de remords.
Djamila s'accrocha à son bras.
-Tu me fais peur. Qu'est-ce que tu as fait '
-J'ai peur de te dire la vérité, dit Djamel en se levant. Tu ne voudras plus me voir, me parler.
-Dis-moi tout. Moi, je t'ai tout raconté. Maintenant que tu t'es lancé, tu ne peux pas t'arrêter.
-Djamila, j'ai tué... Je suis un criminel.
-Tu dis n'importe quoi. Si tu étais un criminel, tu serais en prison, tu ne serais pas libre. Le Djamel que je connais ne ferait pas de mal, même à une mouche.
-Et pourtant, j'ai bel et bien tué, et j'ai fait partie d'un groupe, lâcha-t-il alors qu'elle se levait pour le regarder dans les yeux. Terroriste...

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