Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Meriem prépara un bon dîner. Aucun des trois n'oubliera cette journée de si tôt. Djamila sentait qu'il avait changé et l'attribua au fait qu'elle avait été violée. Elle lui faisait pitié. Meriem tenta de la convaincre de l'amour qu'il lui portait depuis si longtemps. Elle lui rappela sa joie de la retrouver. Il était prêt à rester pour elle alors qu'il pouvait partir à l'étranger. Elle souffrait de le voir mal, proie à ses tourments. Elle se demandait s'il aura le courage de lui confier tous ses méfaits.Durant le dîner, on laissa la télévision allumée. L'émission de divertissement permit de couvrir le silence qui s'était installé. Si Djamila mangea avec bon appétit, Djamel toucha à peine au dîner, mais il resta avec elles.
-Pourquoi tu ne manges pas ' Tout est si bon, dit Djamila. Je crois que je n'ai jamais autant mangé de ma vie que ce soir.
-Bessahtek benti, ça me fait plaisir.
-Si tu veux ma part, elle est à toi, dit Djamel en lui tendant son assiette. Tu peux tout prendre.
-Non, merci... Je suis rassasiée.
Meriem se leva pour débarrasser. Djamila insista pour l'aider.
-Je ne peux pas rester les bras croisés, laissez-moi faire.
-Bon, puisque tu insistes... Je te laisse ranger la cuisine. Moi, je vais regarder la télévision.
Meriem va dans le coin salon et augmenta un peu le son. Elle ne fut pas surprise de voir Djamel aider Djamila à débarrasser. Ils firent la vaisselle ensemble. Ils ne se parlèrent pas, mais le courant passait entre eux. Meriem fut rassurée en les voyant ensemble.
-Je vais me coucher, leur dit-elle en feignant un bâillement. Djamila, normalement, tu as tout ce qu'il te faut dans la chambre, mais s'il te manque quoi que ce soit, n'hésite pas à venir demander. Bonne nuit mes enfants.
-Bonne nuit khalti, merci pour tout, dit Djamila en allant l'embrasser et la serrer dans ses bras. Merci.
-De rien...
Meriem alla à sa chambre. Elle espérait que maintenant qu'ils étaient seuls, ils allaient pouvoir s'ouvrir l'un à l'autre. Elle ne se trompait pas.
Même si au début, il était tendu et inquiet, en cet instant, il semblait plus calme et serein.
-Qu'est-ce que tu dirais d'une tisane ' Ou d'un thé ', proposa Djamila. Il est encore trop tôt pour se coucher... Pour se séparer... Cela fait si longtemps que j'ai parfois l'impression de rêver. Dans mon c?ur, je n'ai jamais cessé de penser à toi. Je m'inquiétais... Enfin, je priais pour que tu ailles bien.
-Je sais... Moi aussi, tu n'as pas quitté mes pensées. Prépare nous du thé, j'ai tellement de choses à te raconter, dit Djamel qui se mit à chercher la boîte sur les étagères. Je crois que ma mère n'en a pas. Laisse tomber...
Mais Djamila en trouva et le prépara rapidement. Ils se rendirent au salon et fermèrent la porte. Djamel éteignit la lampe du plafond. La lumière émanant de la télévision leur suffisait pour se voir.
Ils prirent place dans le grand canapé, posant des coussins entre eux qui leur serviront d'accoudoirs et mettront de l'espace entre eux. Djamel servit le thé, puis baissa le son de la télé.
-Tu as bien fait, dit Djamila en s'accoudant aux coussins, se rapprochant pour mieux le regarder. Je ne veux entendre que toi...
-Moi aussi, tout de toi m'a manqué... Ton visage, ton sourire... J'avais peur de ne plus te revoir. Raconte-moi ce qui s'est passé depuis le début. Comment tu as fait pour résister tout ce temps au maquis... Comment ta boucle d'oreille s'était retrouvée chez une autre '
La jeune fille soupira.
-Ecoute, j'ai été enlevée avec d'autres filles, nous avions été emmenées au maquis... Je me rappelle que la favorite du chef me les avait confisquées, comme j'avais un sale caractère et que je ne me laissais pas faire, ils m'avaient battue, humiliée, privée de nourriture, de vêtements chauds. Plusieurs fois, je tentais de m'enfuir, je voulais qu'ils me tuent. Je me serais peut-être suicidée si j'avais trouvé un objet tranchant. Il n'y avait même pas une glace... Et puis, des fois, on abandonne cette idée, car l'espoir revenait quand on apprenait qu'il y avait eu des morts dans le groupe. Je me disais, les militaires finiront par les tuer un à un. J'espérais qu'ils me trouvent, que tu me trouves... J'avais raison... Ils nous ont libérées. Sans la protection d'Allah, sans eux (les militaires) j'étais morte. Sans eux, je ne serais pas ici...
Djamel l'aurait prise dans ses bras pour la réconforter quand il vit ses larmes couler. Il lui prit la main et la porta à sa joue. Lui aussi pleurait. Il aurait voulu être là pour la protéger et lui éviter toutes ces souffrances. En cet instant, il ne pouvait que la réconforter, tout en sachant qu'aucun mot ou geste ne pourrait apaiser sa douleur et sa peine.

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