Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Zaher était peiné pour son ami qui tenait à retrouver son amie. Il lui rappela que les jeunes filles enlevées étaient mariées à des terroristes et que certaines étaient devenues mères au maquis. Djamel le savait aussi, mais il ne l'abandonnerait pas. Lorsque sa mère apprit qu'il s'était mis à prier, elle était persuadée qu'il trouvera du réconfort dans la foi et acceptera d'avancer dans la vie sans elle.Djamel se mit à fréquenter les mosquées. Celle de leur quartier et celle proche de la résidence universitaire, Il y priait souvent. Ils étaient nombreux à la fréquenter. Un groupe de son âge s'y retrouvait pour la prière d'El- Maghreb ou Icha. Après, ils sortaient ensemble et allaient discuter de l'actualité. Elles n'étaient guère réjouissantes. Djamel sympathisa avec eux et fut accepté comme s'ils faisaient partie de la famille. Si, au début, il ne participait pas beaucoup à leurs conversations, certains sujets l'intéressaient plus qu'il ne le montrait.
-J'ai un souci financier, le chauffeur du bus a vite fait de me remplacer, leur raconta-t-il. Je ne peux pas m'absenter tous les jours, mais je dois travailler. Je suis dans le besoin.
-Si tu n'as pas peur de te salir les mains et si tu peux supporter l'odeur du poisson, dit Ilyès. On peut te recommander à un ami, il travaille au marché couvert. Il y est tous les jours, et il a toujours besoin d'aide.
Djamel le remercia chaleureusement. Il se contentera du peu qu'il gagnera. Il pensa à sa mère et à ses s?urs qu'il n'avait pas vues depuis des mois. Même s'il s'était souvent rendu à la capitale, il n'avait jamais eu le temps de se rendre chez son oncle. Un jour, il leur offrira des cadeaux. Depuis qu'ils avaient tout perdu, ils mangeaient, certes, à leur faim, mais ils ne se faisaient plus plaisir. Même leurs familles et leurs amis avaient déserté la maison. Ce n'était plus comme avant.
-Je travaillerais n'importe où, je tiens à ne pas dépendre de ma famille qui peine à joindre les deux bouts.
Ilyès lui tendit un papier où il avait griffonné un numéro de téléphone et un prénom, Krimo.
-Tu sais, tu peux venir chez moi. Si tu as envie de compagnie ou de prendre une bonne douche.
-C'est gentil, mais quand je rentre à la maison, j'en profite. À la cité universitaire, nous avons bien une résistance où on chauffe de l'eau pour un semblant de toilette ou se cuire un ?uf.
-Tu peux venir quand tu veux, ajouta Ilyès avec un clin d'?il qui le mit dans la gêne.
Djamel en était à se demander s'il n'était pas homosexuel. Il aurait certainement accepté la proposition s'il n'avait pas cligné de l'?il.
-Je sais maintenant vers qui me tourner en cas de pépin. Merci frère, j'appellerai ton ami ce soir. Je rentre à la cité. À demain incha Allah.
Djamel les quitta, jouant avec le bout de papier. L'enseigne d'un taxiphone attira son attention. Il y entra et appela Krimo. Il se présenta et expliqua qui lui avait donné son numéro et dans quel but.
-Nous commençons très tôt. Viens à 6h. Djamel le lui promit. Le second appel qu'il donna était chez lui. Il parla à sa mère, il aurait voulu discuter un peu avec son père, mais ce dernier dormait déjà.
-Je viendrais bientôt, promit-il.
-Concentre-toi sur tes études. Un jour, peut-être, tu rejoindras ton frère. Un ami de ton père l'a vu. Il travaille dans un garage. Tu y crois, toi, ton frère qui était parti étudier finit mécanicien '
-Oui, pourquoi pas ' L'essentiel est qu'il aille bien.
-Prends soin de toi mon fils.
Djamel ne tarda pas à raccrocher. Ce soir-là, pensif, il ne trouva pas le sommeil. Il était déjà debout avant la prière de l'aube. Il retrouva le poissonnier qui le chargea de préparer les étals des fruits de mer, puis de vendre la sardine. Le boulot n'était pas de tout repos. Il criait les prix, pour attirer les clients. Comme il était charmant, les jeunes filles et les femmes se bousculaient devant les étales. Krimo hocha la tête, reconnaissant que son stand avait plus de succès que les autres poissonniers depuis qu'il était là.

(À SUIVRE)
T. M.
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