Algérie

"LE SERMENT"



Résumé : Meriem avait remarqué que Norredine n'était pas bien ces derniers temps. Elle finit par en connaître la raison. Il voulait étudier à l'étranger, et tenait à ce qu'elle le soutienne dans son projet. Il lui fit du chantage. S'ils refusaient de l'aider, il partirait d'ici. Il ne lui laissait pas le choix.-Comment ça qu'il veut partir ' Les universités du pays ne sont pas assez bonnes pour lui ' Monsieur veut partir d'ici. Bon vent.
-Bien sûr, bon vent et il a toute ma bénédiction, affirma Meriem, décidée à lui tenir tête. Il a des rêves plein la tête. Nous allons l'aider à les réaliser. Pourquoi pas ' La mère profitait de l'instant où ils étaient seuls au salon pour en parler et mettre les choses au clair. Norredine attendait d'eux la bénédiction et l'aide financière.
-Ils partent tous étudier à l'étranger. Notre fils est parmi les meilleurs.
Normalement, il devrait bénéficier d'une bourse de l'Etat, mais peut-être que c'est une question de "relation".
-Ton fils n'a pas eu vingt sur vingt.
-Mais il en a eu seize, lui rappela-t-elle, fière de son fils. Il est intelligent, il sait ce qu'il veut faire de sa vie. Je préfère qu'il parte le c?ur léger. S'il se fâche, il ne reviendra plus. Depuis qu'il a ce projet en tête, il n'est plus le même. Qu'adviendra-t-il de lui si on ne l'aide pas '
-Il va avoir besoin d'argent, rétorqua Fayçal. De beaucoup d'argent. Ce n'est pas donné, qui va lui en donner ' Tu sais que mon affaire n'a rien ramené. J'y ai mis tout mon argent. Il n'y a pas un sou de côté. Je rembourse mes dettes.
Allah ghaleb.
-Je suis sûre que tes amis ne te mettront pas la pression, si tu leur expliques que tu veux envoyer Norredine à l'étranger, l'encouragea-t-elle. Ils vont comprendre, mais je peux aussi vendre mes bijoux, proposa-t-elle. Je veux ce qu'il y a de mieux pour lui et je me fiche des bijoux. Ma famille est mon trésor.
-Moi aussi, tout ce que je fais, c'est pour eux, lui rappela-t-il. Est-ce que tu te rends compte du sacrifice qu'il demande ' J'ai donné ma parole. Je dois rembourser mes dettes à temps. Nous serrons la ceinture depuis des mois. Ce n'est facile pour personne. Il suffit de regarder l'intérieur du frigo ou des placards pour comprendre que c'est parti pour durer. Je dois respecter mes engagements. J'ai mal de vous imposer ça.
-Mais c'est pour un temps seulement. Nous reprendrons notre train de vie plus tard, dit Meriem. Les enfants s'échangent les vêtements. Tu as toute la vie pour les gâter. Tant que nous avons la santé et la paix, c'est parfait. Incha Allah que ton affaire prospèrera vite.
-Incha Allah, mais en attendant, il faudra patienter, dit Fayçal avant de l'interroger. Tu tiens vraiment à ce qu'il parte '
-C'est lui qui veut partir d'ici. Je ne fais que donner ma bénédiction. Je ne veux pas perdre Norredine. C'est un garçon qui a la tête sur les épaules.
-Je lui parlerais lorsqu'il rentrera, promit le père. Je tiens à en savoir plus sur son projet.
-Je crois qu'il est dans sa chambre, dit-elle en se levant. Je vais lui dire de venir.
Meriem n'était pas surprise en le trouvant en train de serrer les poings pour contenir sa joie et même de la crier. Il devait écouter leur conversation pour être déjà au courant. Il ne se retient pas pour la prendre dans ses bras et faire un câlin. S'il est heureux, elle ne l'est pas. Son c?ur de mère le pleure.
-Merci, merci. Tu fais de moi le garçon le plus heureux.
-Vas-y, il t'attend.
Norredine ne se fait pas prier. Meriem, toute triste, rejoignit ses filles dans leur chambre. Celles-ci regardaient leur feuilleton préféré pendant que son cadet Djamel écrivait des poèmes, rêveur.
-Yemma ' Ça va '
-Oui, oui.
Toute la famille savait que Norredine projetait de partir. Meriem se tourna vers Djamel. Il sembla à ce dernier que c'était la première fois qu'elle le voyait vraiment. Tous étaient persuadés que Norredine était son préféré.
-Je serais là pour toi yemma, dit Djamel, espérant que le départ de son frère changerait quelque chose dans sa relation avec sa mère.
Il fut bien déçu quand elle murmura :
-Norredine est unique, il est irremplaçable.
(À SUIVRE)
T. M.
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