Algérie

Le sergent Ahmed Ben Bella



Le sergent Ahmed Ben Bella

"Les puissants ont beaucoup d'amis, seuls les faibles sont orphelins."

Avant de devenir : "L'étranger", "Le harki", " Le Marrekchi", combien de généraux décideurs algériens actuels ont-ils fait la courbette jusqu'à terre, baisé la main d'Ahmed Ben Bella quand il était tout puissant, avant le 19 juin 1965?

J'invite les algériens sincères à lire la biographie suivante. Il est conforme à l'homme.

Jeune-Afrique, Par Farid Alilat 02/10/2006 à 15h:18

Ahmed Ben Bella aura attendu ses 88 ans pour faire du cinéma. À son insu, s'entend. C'est en effet le premier président de la République algérienne qui a directement inspiré le personnage d'Abdelkader dans Indigènes. Sous-officier dans l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale, Ben Bella s'est distingué sur les champs de bataille en France et en Italie. Blessé, décoré de la Croix de guerre, de la Médaille militaire, il perdra très vite ses illusions au lendemain de la victoire des Alliés. Révolté par les massacres de mai 1945, qui ont fait des milliers de victimes à Sétif, Guelma et Kharrata, il décide de prendre les armes contre « la mère patrie ».

Alias « Hmimed », Ahmed Ben Bella, est né le 25 décembre 1918 à Maghnia, à la frontière avec le Maroc. Fils d'un propriétaire foncier et petit commerçant de son état, il perd son frère aîné Omar, qui décède des suites de ses blessures après avoir servi comme tirailleur dans l'armée française lors de la Première Guerre mondiale. Élève à Tlemcen, il obtient son certificat d'études, mais échoue au brevet en 1934. Moins de trois ans après, il est appelé sous les drapeaux. Incorporé au 14e régiment d'infanterie alpine, il effectue son service militaire à la caserne Saint-Charles, à Marseille. En juin 1940, l'aviation allemande bombarde la ville phocéenne. Affecté à un poste de la DCA, le sergent Ben Bella abat un Stuka, qui explose en vol et coule dans le port de Marseille. Cet acte lui vaudra l'admiration et le respect de ses camarades.
Démobilisé, il regagne sa ville natale. Mais le répit est de courte durée. En 1942, peu de temps après le débarquement des Américains en Afrique du Nord, il reçoit une convocation pour rejoindre le 6e régiment des tirailleurs algériens, basé à Tlemcen. En dépit de ses états de service, ses supérieurs se méfient de cet homme au visage poupin, mais au caractère bien trempé. À cause de ses engagements nationalistes au sein du Parti du peuple algérien (PPA), il est fiché par la police française. Qualifié d'« élément dangereux », il est transféré au 5e régiment des tabors marocains. Le capitaine qui l'accueille le met en garde : « Votre dossier est là. Je sais qui vous êtes, mais je ne veux pas en tenir compte. Promettez-moi une chose : nous allons nous battre, vous allez vous battre. » Réponse de l'intéressé : « Je ne vais pas faire de propagande auprès des Marocains et je vais me battre. »

Ben Bella tiendra parole. Avec les tirailleurs de l'Atlas, il sera aux avant-postes. Lors de la bataille de Monte Cassino, l'hiver 1944, il attaquera avec ses hommes la colline stratégique pour couper la retraite aux troupes allemandes. Téméraire, il ira récupérer, trois fois de suite, des fusils-mitrailleurs abandonnés par des soldats français à l'intérieur d'une zone de combat infestée d'Allemands. Celui que l'on surnomme « Trompe-la-Mort » ira jusqu'à sauver la vie de son capitaine. À la prise de Rome, il est décoré de la Médaille militaire par de Gaulle en personne. Ce dernier ne sera pas le seul à rendre hommage au courage de Ben Bella. Le maréchal Alphonse Juin dira de lui qu'il possède de « brillants états de service », et le colonel Antoine Argoud - qui sera quelques années plus tard l'un des chefs de l'OAS - soulignera « la conduite militaire tout à fait correcte » de Ben Bella.
Promis à une belle carrière militaire, ce dernier refuse pourtant de suivre le conseil de son supérieur, qui lui recommandait d'intégrer l'Académie militaire de Cherchell. La guerre finie, l'homme aspire à mener une vie tranquille dans son bled et à jouir des mêmes droits que ces Français qu'il a côtoyés sur les sentiers de la guerre. Mais il déchante rapidement : « Quand je suis revenu à Oujda, au dépôt du 5e régiment des tirailleurs marocains, racontera-t-il plus tard, j'ai vu dans la salle d'honneur la photo d'une prise d'armes à laquelle j'avais participé. Les deux Européens qui avaient été décorés dans ma compagnie figuraient sur le document. Pas moi. À quoi bon photographier un Français de deuxième zone ? »



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