Algérie

«Le septième art nécessite une formation, des études et un encadrement»



«Le septième art nécessite une formation, des études et un encadrement»
Photo : Mahdi I. Est-ce que votre formation a servi votre évolution professionnelle ' A vrai dire, je tiens à  préciser que je n'ai pas suivi un cursus professionnel pour exercer ce métier. C'est plutôt grâce à  mon entourage familial que j'ai découvert, dès mon jeune âge, mon amour pour l'art en général et le cinéma en particulier.  Vous travaillez avec des personnalités du monde des arts et du cinéma. Citez-nous en quelques uns... Le travail d'un acteur est très complexe et simple à  la fois. Il faut avant tout exercer ce métier par vocation. Autrefois, nos aînés avaient l'âme artistique, c'est-à-dire qu'ils accomplissaient avec passion leur métier. En plus, il y avait le respect de l'autre. Dans ce métier, on collabore avec plusieurs personnes. Pour ma part, j'ai eu à  travailler avec Mohamed Lakhdar Hamina, Ahmed Rachedi, Mohamed Chouikh, des cinéastes du Maghreb et d'autres spécialistes issus d'autres contrées du monde. Je dois admettre que j'ai acquis à  chaque rencontre une riche expérience. En clair, j'ai beaucoup appris de ces collaborations       Comment s'organise en Algérie la formation du cinéma ' Il est difficile d'évoquer ce sujet. C'est un problème de fond. J'estime qu'on ne peut exceller un métier sans àªtre encadré. A l'instar d'autres métiers, le cinéma nécessite une formation, des études et un encadrement. Pour mon expérience, il est vrai que j'ai beaucoup appris de mes aînés sur le terrain. Seulement, il m'a fallu 26 ans pour passer à  la réalisation, j'ai ensuite suivi une longue formation pour réaliser mon propre film. Quelles sont les perspectives en Algérie pour un jeune réalisateur ' Il ne faut pas tomber dans ce guêpier. La plupart des jeunes intéressés par le cinéma veulent d'ores et déjà faire carrière dans la réalisation. Ceci dit, je n'incrimine personne mais cela dénote que ces jeunes veulent évoluer dans la facilité. L'idéal serait d'assimiler tous les métiers du cinéma : directeur photo, ingénieur du son, habilleur, chef décorateur, clapman, scripteur, costumier, machiniste... pour passer ensuite à  la réalisation.  Quelles sont justement les principales contraintes que ce jeune peut rencontrer ' Il est important pour un jeune intéressé par le domaine du cinéma d'avoir une bonne formation afin d'élaborer un produit de qualité. Pour moi, la seule contrainte demeure ce métier qui subit des contraintes de la médiocrité.  En visualisant vos œuvres, notamment «Rachida», on retient des actions et des scènes attachantes. Quelle en est la recette 'Il convient de savoir que lorsqu'on prépare une œuvre, on ne s'attend pas au résultat escompté. J'estime que quand on voue du respect à  son métier, on ne peut que fournir un travail de qualité. Par ailleurs, le film Rachida a connu un succès fulgurant grâce à  la thématique traitée. Les affres du terrorisme. Un vécu réel où les gens s'identifient à  cette époque de notre histoire. Dans le cinéma, ce qui est important, c'est la liberté de jouer et d'improviser sur scène. Comment cette liberté se traduit-elle dans l'interprétation des jeunes aujourd'hui 'Je n'abonde pas dans ce sens. On n'improvise pas dans le cinéma. On obéit aux règles cinématographiques à  savoir la rigueur. Qu'apportent vos œuvres à  l'industrie cinématographique algérienne ' Malheureusement, nous n'avons pas d'industrie cinématographique. On réalise des films selon des sollicitations et des besoins occasionnels. Je pense à  l'année de l'Algérie en France (2003),  Alger, capitale de la culture arabe (2007), Tlemcen, capitale de la culture islamique (2011). Je pense que ce genre de manifestations est encourageant et contribue à  créer une animation où plusieurs formes d'art se croisent.       Vous démarrez un nouveau tournage. Parlez-nous de cette nouvelle aventure ' Je prépare la production d'un long métrage ambitieux intitulé L'Andalou de Mohamed Chouikh. C'est un film qui revient sur la chute de Grenade en 1492 et sur une partie de l'histoire de l'Algérie encore méconnue. C'est une fresque historique sur l'Algérie du début du XVe siècle. C'est un travail qui a mûri plus de cinq ans. Il faut dire que ce genre de films exige beaucoup de moyens. La chute de l'Andalousie avait provoqué un énorme bouleversement. Il ne faut pas oublier que les Espagnols sont restés plus de trois siècles dans notre pays, surtout à  l'Ouest. Le tournage du film qui doit durer deux mois, a été entamé  le 19 février 2011. Des scènes seront tournéees à  Alger (Casbah, Tipaza, Sidi Fredj), Oran, Mostaganem et Tlemcen. L'Andalou sortira bientôt. Vous àªtes réalisatrice, épouse du réalisateur Mohamed Chouikh, votre fille Yasmine Chouikh est aussi réalisatrice. Ce milieu familial exceptionnel ne vous prédispose-t-il pas à  briller dans le milieu professionnel ' Le cinéma coule dans mes veines. J'activais dans ce créneau avant même de rencontrer mon époux Mohamed Chouikh. Et puis on a toujours un enfant qui suit la trajectoire des parents et ce, quel que soit leur métier. Le cinéma en Algérie bat de l'aile, vu la désertion des salles de cinéma et l'absence de relève dans la profession. Qu'en pensez-vous ' Et quel est votre avis sur la nouvelle loi sur le cinéma ' Je ne partage pas cet avis. Le cinéma algérien ne bat pas de l'aile. Le cinéma algérien a connu des phases très difficiles. Aujourd'hui, on arrive à  produire des films. Seulement, ce n'est pas suffisant. Il faut définir les sources de financement pour le cinéma. La seule source est le FDATIC. Ce fonds est insuffisant, car il dépend des ressources affectées par le ministère des Finances, alors qu'il ne devait pas àªtre soumis à  cela. Le cinéma doit s'autofinancer. Il serait profitable de créer des mécanismes et des structures pour aider le secteur du cinéma. Concernant la deuxième partie  de la question, je préfère ne pas répondre vu que je ne suis pas l'actualité, étant prise par le tournage de mon nouveau film. Vous àªtes cinéaste et femme. En tant que femme, peut-être àªtes-vous portée sur la cuisine 'Je suis issue de l'ancienne génération. On m'a initiée très tôt aux différentes tâches ménagères, aux responsabilités de femme au foyer. Je cuisine  bien sûr, un peu de tout, cela dépend de l'envie du moment. Je prépare des plats traditionnels que j'aime bien. A l'exemple de T'bikha,  Douara, ragoût de pomme de terre, pain aux herbes, couscous…   Quel regard portez-vous sur la tenue vestimentaire des jeunes d'aujourd'hui ' Les jeunes s'habillent selon leur époque. Je n'ai pas à  porter de jugement particulier, car c'est important que chacun vive son époque et sa tendance. Je ne suis pas regardante par exemple sur l'habillement de mes enfants. Seulement, je veille à  ce que leur tenue soit correcte et soignée.    On dit qu'en mode vous avez des goûts raffinés. Etes-vous du genre collant flashy, pantalon slim, robe ample fleurie, chaussures à  brides compensées ' J'aime la simplicité. Je n'ai pas un goût particulier. Je m'habille d'une façon décontractée. C'est-à-dire jeans-basket.   Quel genre de musique sied à  votre personnalité ' Et que pensez-vous du développement et de la promotion de la musique traditionnelle 'J'ai l'oreille musicale. Je suis une mélomane. Je suis captivée par des airs entraînants, rythmés. Cependant, j'admet avoir un penchant particulier pour la musique chaâbi. J'affectionne singulièrement les enregistrements de fête. On ne peut s'empêcher de penser aux finesses de ce genre musical. On apprécie à  la fois cet air nostalgique, ces belles mélodies et la profondeur des textes.  Que représente pour vous le Sud ' J'aime le sud pour sa sérénité, son silence. J'estime que le sud a été littéralement oublié par le nord. J'aime les belles rencontres, la sympathie, l'originalité et l'altruisme des gens du sud. Vous qui montrez beaucoup de passion pour votre métier, quel serait votre souhait à  présent ' D'emblée, je souhaite un meilleur avenir pour le monde du cinéma algérien. Puis, une production cinématographique de qualité et prolifique. Je souhaite également que le citoyen puisse avoir accès au cinéma. 


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