Le gouvernement a commencé par encourager les Algériens à faire autre chose que de travailler : se porter candidat aux élections locales et faire campagne, par exemple. À la fin de la campagne électorale, il a pris un train de mesures pour empêcher les Algériens de faire autre chose que de voter : interdiction de transport de marchandises, des marchés hebdomadaires et des activités sportives et culturelles... bref, de tout ce qui pourrait occasionner un déplacement hors de leur localité. Si l'on ajoute à cela le droit à l'absentéisme pour raison de vote, on voit que le pouvoir nous a retiré tout prétexte à notre abstention annoncée.
Il sait bien, en effet, que l'abstention ne peut qu'être, au mieux, atténuée, mais en aucun cas évitée. Le ministre de l'Intérieur, qui a la charge de réunir les conditions mobilisatrices du vote et d'en assurer l'attractivité, mise sur un taux de participation situé entre 40 et 45% des inscrits. Ce qui doit nécessairement correspondre à la variante optimiste des prévisions d'un ministre qui a la responsabilité de l'animation de l'activité électorale nationale.
La prédiction a l'avantage de nous renseigner sur la modestie des ambitions du pouvoir : en d'autres termes, la fraude ne devrait porter le taux de participation au-delà du plafond réaliste de 45%.
La nouveauté est que, depuis les législatives de 2007, le pouvoir a renoncé à revendiquer ses habituels taux de participation brejnéviens, les réservant désormais aux seules élections présidentielles, conformément au slogan médiatiquement martelé : 'Nous avons un bon Président, dont la volonté politique et la clairvoyance sont reconnues par le peuple, mais ses orientations sont mal traduites par les responsables et les élus. Il est donc normal que l'un soit loué et bien élu et que les autres soient critiqués et mal élus." En faisant la concession de se rapprocher du taux réel de participation aux élections législatives et locales, le pouvoir sacrifie l'image de ces institutions pour sauver l'image du chef du régime.
L'artifice consiste à dissocier la légitimité du régime de ses composantes institutionnelles en favorisant, dans l'effort de fraude même, l'élection présidentielle par rapport aux autres consultations. L'artifice permet de neutraliser l'expression populaire quand elle s'exprime par le rejet des mascarades électorales : le peuple se méfie de ses maires et de ses députés, mais plébiscite invariablement un président dont il ne veut et ne peut plus se passer.
Le ministre de l'Intérieur pourra toujours imputer le rejet du vote aux partis qu'il a lui-même sortis du néant. Mais le message populaire est clair. Il vient d'être explicité par les résultats d'un récent sondage sur le sens que les Algériens donnent à leur abstention électorale. Le premier renseignement émis par ce travail, en plus du fait que l'abstention est plus grande que l'on ne nous le dit, est que ce réflexe de rejet de l'élection a un sens strictement politique.
Le système a beau nous faire croire qu'il est louable dans sa globalité, et détestable dans ses parties, le verdict populaire est net : dans les conditions qui sont celles de la vie politique actuelle, le peuple ne joue pas à la démocratie.
Ce que le sondeur résume comme étant l'expression d'un... rejet du système.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com