Algérie

Le sens d'un message



Le sens d'un message
La presse a une fonction pédagogique qui en fait une écoleLe chef de l'état semble suggérer à travers son message qu'une formation permanente, dans un environnement où les droits bien compris des journalistes sont respectés, doit être conçue de manière à actualiser les qualités nécessaires à l'action de mobilisation collective.La célébration de la Journée nationale de la presse revêt un intérêt particulier cette année. A un moment surtout où le pays est amené, malgré lui, à faire preuve de beaucoup d'intelligence et du sens du sacrifice pour pouvoir s'en sortir. Dans ce cadre justement, le rôle de la presse est déterminant à bien des égards. Gardienne du temple républicain s'il en est, la presse nationale aura donné énormément d'elle-même pour faire reculer cette bête immonde qu'est le terrorisme intégriste et juguler les dérives engendrées par une gestion induite le plus souvent par une vision technocratique et bureaucratique de la transformation de la société.Le président de la République semble conscient du rôle que joue et compte jouer la presse dans ce vaste processus qu'il a enclenché lui-même dans le cadre de la mobilisation de toutes les forces vives du pays. Profitant de l'opportunité de la célébration de la Journée du 22 octobre 2015, il enjoint «au gouvernement de parachever l'arsenal juridique régissant les activités liées au secteur de l'information, notamment en ce qui concerne la régulation dans les domaines de la presse écrite et de l'audiovisuel».Une régulation qui tarde à venir et qui aura mis en scène bien des flous artistiques et bien de dépassements en dépit du bon sens. Voire des dissonances qui n'ont pas été sans susciter des critiques acerbes et sans semer le trouble dans les milieux acquis à l'idéal républicain et démocratique.Il faut espérer que ce jaillissement du cadre juridique, appelé à réguler ces canaux d'expression que sont les presses écrite et audiovisuelle, puisse intervenir dans la transparence et en complète rupture avec ce jeu de massacre médiatique dont le souci premier semble être la propagation des effets néfastes de la désillusion et de la démobilisation.A un moment crucial où, pourtant, l'appel du premier responsable du pays pour l'émergence d'un front uni national donne l'amère impression d'être chahuté par le charme indiscret et opportuniste de ses courtisans, le dogmatisme endémique et le manque de lucidité politique de ses opposants. C'est pour cette raison évidente que toutes les belles choses inscrites à l'actif du mandat présidentiel s'en trouvent amoindries quand elles ne passent pas pour être insignifiantes.Un autre centre d'intérêt mérite d'être porté à la connaissance du lecteur, c'est l'attention toute bienveillante accordée aux journalistes, victimes à bien des égards de ces flous artistiques précédemment soulignés, par Abdelaziz Bouteflika. Et cet intérêt est loin d'être un simple exercice de style en relation avec la célébration.En invitant les structures dédiées et les patrons de presse à assumer leurs responsabilités en matière de formation et d'investissement au sein de leurs entreprises, il ne fait que garantir la pérennité de l'emploi: «De tels efforts doivent se traduire par la professionnalisation des personnels et la modernisation des moyens ainsi que par le respect des dispositions de l'arsenal législatif et réglementaire relatif à la protection des travailleurs du secteur de l'information et la garantie de leurs droits et acquis sociaux.»La presse a une fonction pédagogique qui en fait une école. Le président de la République semble suggérer à travers son message qu'une formation permanente, dans un environnement où les droits bien compris des journalistes sont respectés, doit être conçue de manière à actualiser les qualités nécessaires à l'action de mobilisation collective. Les polémiques ne peuvent pas être conduites sans raisonnements, sans connaissances historiques. La presse ne peut réussir dans sa mission de mobilisation que si elle développe une fonction interprétative des besoins des millions de citoyens immergés dans la vie sociale. Des citoyens ordinaires, dira Antonio Gramsci, pris dans les opinions du sens commun, souvent encore ancrées dans une vision incohérente et superstitieuse de la réalité.




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