Algérie

Le Sénégal, si proche et si lointain...



Le Sénégal, si proche et si lointain...
Les péripéties de l'élection présidentielle sénégalaise de février 2012 présentent de troublantes similitudes avec le scrutin présidentiel d'avril 2014. Comme pour Bouteflika, la candidature de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, qui briguait à l'âge de 85 ans un troisième mandat de 7 ans, avait fait sortir les Sénégalais dans la rue pour s'opposer à ce vieux militant des droits de l'homme enivré par le pouvoir et dont le fils, parachuté ministre, se trouve actuellement en prison pour des affaires de trafic d'influence et de corruption.La validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel sénégalais et le rejet d'autres candidatures de l'opposition dont celle du chanteur très populaire Youssouf N'Dour avaient donné lieu, comme en Algérie, à des manifestations de rue violemment réprimées par la police. Le front politique anti-Wade en est sorti renforcé. Il se traduira par un séisme électoral jamais connu au Sénégal. Aucun candidat en lice n'avait obtenu la majorité au premier tour. Le candidat Wade qui avait affronté au second tour son ancien Premier ministre Macky Sall ? lequel a bénéficié du report de voix de l'opposition ? sera battu à plate couture par ce dernier avec près de 2/3 des voix exprimées. Wade reconnaît sa défaite et félicite le nouveau Président.Le monde entier a salué la leçon de démocratie offerte par le Sénégal. Cet acquis démocratique n'aurait pas été possible sans un scrutin régulier et un processus électoral à la mise en ?uvre duquel l'opposition fut partie prenante à toutes les étapes de la préparation, de l'organisation et du contrôle du scrutin, garantissant ainsi une égalité des chances à tous les candidats.La comparaison entre le processus électoral au Sénégal et en Algérie s'arrête au coup de force des Conseils constitutionnels des deux pays. Et aux actions de protestation de la classe politique et de la société civile contre ces candidatures des systèmes en place. Pour le reste, tout le reste, l'élection présidentielle du 17 avril en Algérie est programmée par le pouvoir pour ne laisser place à aucune mauvaise surprise pour leur candidat du système et l'issue du scrutin. Même si sous la pression de la classe politique engagée dans ce scrutin, de la rue et de l'étranger, le système en arrive à se faire violence et à garantir un vote propre et régulier ? chose surréaliste ? cela ne changera pas grand-chose aux données du problème. Car pour beaucoup, l'élection est déjà scellée.Le chantage électoral à travers les généreuses mesures sociales populistes, concrétisées ou promises, annoncées avec un rythme effréné par le gouvernement, notamment depuis la nomination de Sellal au poste de Premier ministre, pèse lourdement sur ce scrutin. Il faut de la maturité politique pour déjouer ce piège du pouvoir qui cherche à faire passer, dans la conscience des citoyens, des droits sociaux légitimes pour des dons et des actes de générosité de Bouteflika. Mais il faut se garder d'insulter l'intelligence des Algériens. Par rapport aux précédentes campagnes électorales où les soutiens pour Bouteflika affluaient de toutes parts, le clan présidentiel en est réduit, cette fois-ci, à compter ses troupes. La marge de man?uvre de Bouteflika n'est plus ce qu'elle était. Et c'est ce qui inquiète ses conseillers ! Le Sénégal est à la fois si loin et si proche de l'Algérie.




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