LE SEISME MALIEN

De nombreux indices annoncent que le bouillonnement de la violence avec ses nombreuses facettes dans la région subsaharienne et en Afrique de l'Ouest va s'amplifier. Le coup d'Etat militaire survenu mardi au Mali n'est pas un effet isolé et au vu des importants intérêts occidentaux en jeu, il est certain que de fortes implications surviendront dans un futur immédiat. Les assurances données par la junte militaire qui a poussé le président malien élu à la démission ne seront pas un gage suffisant pour certaines puissances étrangères. En outre, celles-ci sont convaincues que les efforts d'apaisement entrepris par la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ne peuvent avoir une incidence effective sur le véritable séisme qui secoue actuellement un large pan africain névralgique. La lourdeur des événements la dépasse, et empêtrés dans leurs propres problèmes, les pays qui la composent ne disposent pas de ressources et de moyens idoines pour rétablir une paix dans un Etat voisin alors qu'ils n'arrivent pas à l'instaurer chez eux.Tels que se sont déployés à travers l'ensemble du continent les tentacules de l'islamisme militaire et politique et telles que s'articulent aujourd'hui les interventions armées, il est permis de déduire que l'ensemble des forces étrangères qui s'estiment indirectement impliquées ne vont pas rester les bras croisés. Ce ne sont pas les artifices convenus qui brillent par leur absence et il sera très commode au nom des profitables conventions usuelles et corvéables de s'immiscer au grand jour. Les bases militaires occidentales ayant pris place dans la plupart des pays de la région ne servent ni de décor ni d'un ornement innocent et sous couvert de lois et d'ententes universelles, les puissances s'autorisent d'intervenir sans état d'âme.
Le tout se résume dans les nécessités qu'impose la sacro-sainte géostratégie où chacun sort ses atouts pour que chacun sauvegarde ses propres intérêts.
Il demeure vrai cependant que dans cette grande région du monde la raison infligée aux territoires et à la géographie n'a aucun sens. Les Algériens en sont conscients plus que jamais. Leurs dirigeants savent que les efforts de bonne volonté ne suffisent pas s'ils ne sont pas accompagnés par un pragmatisme dans la défense de leurs propres intérêts.