Algérie

Le secteur privé broie du noir



Un rapport du Femise évoque la persistance d'un système de rentes, des difficultés d'accès au capital,au foncier, ainsi qu'au crédit bancaire soumis au pouvoir discrétionnaire de l'administration.Le Forum économique des instituts de sciences économiques (Femise) a publié, récemment, un rapport qui fait le point sur la situation du secteur privé dans les pays méditerranéens. Le document a pour objectif de mieux comprendre ses principaux facteurs de blocage et d'analyser les potentialités offertes par l'entrepreneuriat social pour répondre à l'impératif d'une croissance plus inclusive.
La priorité majeure dans tous les pays de la région reste la création d'emplois. Compte tenu de la détérioration des comptes publics et des situations de sureffectifs dans la Fonction publique, ces futures créations d'emplois ne pourront provenir que du secteur privé. Cependant, le rapport fait état d'une conjonction de facteurs défavorables au secteur privé des pays méditerranéens.
Par le témoignage de chercheurs du réseau ou d'entrepreneurs et entrepreneuses avec lesquels Femise est en contact, des difficultés concrètes ont été soulevées. Il s'agit essentiellement, dans le cas de l'Algérie, de la persistance d'un système de rentes, de l'accès au capital et au foncier qui échappe au marché, de l'accès au crédit bancaire soumis au pouvoir discrétionnaire de l'administration, de la faiblesse de l'état de droit et de la non-garantie de la propriété privée qui découragent l'investissement et d'un secteur commercial quasi monopolistique. Evoquant la dynamique économique des pays méditerranéens depuis le début du Processus de Barcelone, le rapport relève qu'au cours de ces 20 dernières années (1995- 2017), le taux de croissance dans la région a été en moyenne de 4,1% par an contre 5,1% pour l'ensemble des pays à revenu comparable et 7,9% pour les pays d'Asie de l'Est. Il a oscillé entre 5,1% pour la Jordanie et 3,5% pour l'Algérie.
Ces taux de croissance de la région, que certains économistes considèrent comme soutenus, sont, du point de vue du Femise, loin d'être suffisants. Le Femise constate, certes, que le chômage des jeunes a reculé significativement en Algérie. Cependant, relève-t-il, le taux de chômage des diplômés est élevé. Il est estimé à près de 35,4%. Dans la région, plus de 49% de la population déclarent être insatisfaits ou très insatisfaits du système éducatif. Cette proportion s'élève à 56% concernant les services de santé. La population égyptienne est la plus revendicative (avec environ 72% d'insatisfaits aussi bien concernant l'éducation que la santé), suivi de l'Algérie (62% environ d'insatisfaits dans chacun des deux domaines. Selon le Femise, notre pays devrait avoir des taux de croissance plus élevés compte tenu de son taux d'investissement annuel, évalué en moyenne à 33,5%. L'analyse de l'investissement montre que même si des efforts soutenus ont été réalisés, les montants investis, publics ou privés, demeurent globalement insuffisants pour insuffler une dynamique à la croissance. Au-delà des montants d'investissement mobilisés, se pose la question de la qualité de ces investissements et donc plus largement de leur efficacité à créer de la croissance. Concernant l'évolution des exportations, le rapport du Femise indique que la part de l'Algérie dans les exportations totales de la région a diminué, passant de 14% à 11% entre 1995 à 1997. Les exportations de l'Algérie vers l'Union européenne ont reculé d'environ 8%. Au sujet de la diversification des exportations, notre pays exporte moins de 960 produits, alors que la Turquie en exporte presque 4 300, le Maroc près de 3 000 et la Tunisie 2 700.
En termes de nombres de partenaires à l'export, la Turquie en compte 217, le Maroc 177, l'Egypte 172, la Tunisie et l'Algérie seulement 130. Le Femise évoque, également, le faible score de l'Algérie sur l'innovation et la stagnation de la productivité du travail. Autre aspect souligné dans ce rapport, le potentiel de l'entrepreneuriat social dans les pays du sud de la Méditerranée en termes de création d'emplois. En Algérie, relève le document, l'évolution de l'entrepreneuriat social reste plutôt limitée. L'Etat ne reconnaît pas suffisamment son intérêt général ; ce qui est une entrave à son organisation. Le Femise note aussi que les sources de financement des associations se limitent essentiellement aux subventions de l'Etat, l'internationalisation des associations étant plutôt mal perçue.

Meziane Rabhi


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