Algérie

Le secteur hospitalier se vide de ses spécialistes


Le secteur public se vide peu à peu de certaines spécialités comme l'anesthésie-réanimation, l'ophtalmologie, la radiologie ou encore la cardiologie, alerte le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires. Comment ' Tout simplement parce que des pays européens attirent les médecins formés dans ces spécialités en leur offrant de meilleures conditions socioprofessionnelles. «Nous avons des difficultés énormes pour ces spécialités», lance le professeur Rachid Belhadj, qui appelle les pouvoirs publics à agir pour garder ces médecins en Algérie en les revalorisant.Salima Akkouche ? Alger (Le Soir) ? Contrairement à ce que l'on peut penser, la formation médicale en Algérie est «cotée et reconnue», souligne le président du Conseil scientifique de la Faculté de médecine d'Alger.
Selon lui, «l'Algérie forme déjà des médecins tunisiens, palestiniens, syriens...». Mieux, le professeur Belhadj dit que «nous sommes généreux en matière de formation, ce qui a permis à nos résidents d'avoir la main et de faire la pratique rapidement. Ce sont des bosseurs car ils veulent améliorer leurs conditions socio-économiques». Le professeur rappelle que durant les années 90, beaucoup de médecins algériens partaient pour exercer à l'étranger notamment vers le Canada. Cependant, à l'époque, dit-il, le diplôme algérien n'était pas reconnu et ces médecins se retrouvaient à exercer comme infirmiers ou dans la gériatrie. Mais les choses ont changé actuellement.
Non seulement le diplôme algériens est accepté et le Conseil de l'ordre ne met plus son veto mais les médecins qui partent bénéficient de beaucoup de facilitations. «Nous sommes passés par une non-reconnaissance vers des facilitations incroyables pour le corps de la santé et il y a même des démarches pour attirer le corps médical, notamment les médecins vers l'Europe qui est confrontée au désert médical», explique le professeur Rachid Belhadj, qui souligne également que l'Allemagne offre beaucoup de facilitations à nos médecins et des salaires intéressants, soit presque le double de ce que la France offre. Mais ce qui inquiète dans tout ça, c'est la situation de nos hôpitaux qui se vident peu à peu de leurs compétences, notamment dans certaines spécialités de pointe et très demandées ailleurs.
« A travers le monde, il y a des spécialités difficiles et les médecins européens évitent les spécialités où il y a des risques de poursuites pénales comme la gynécologie et la radiologie. Ils évitent aussi les spécialités difficiles qui demandent beaucoup de gardes comme l'anesthésie-réanimation, les urgences médicales, un milieu très difficile et aussi la psychiatrie et la gériatrie qui sont des spécialités que le personnel médical européen préfère fuir un peu. Aujourd'hui, il y a l'avènement de la chirurgie esthétique et de la radiologie interventionnelle qu'ils préfèrent faire. D'ailleurs, sur la liste des 1 200 médecins retenus pour exercer en France, on retrouve beaucoup d'anesthésistes-réanimateurs, de psychiatres et de cardiologues», a expliqué le président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires.
C'est pourquoi, alerte-t-il, «il y a un vol organisé de ces compétences vers l'étranger et ils nous prennent surtout les meilleurs et nous avons des difficultés énormes pour des spécialités ciblées comme l'anesthésie-réanimation, la radiologie, l'ophtalmologie, l'ORL et la cardiologie». Selon le président du conseil scientifique de la Faculté de médecine d'Alger, «l'état est tenu de revoir la politique salariale, les conditions de travail du personnel médical et de les protéger pour que les gens puissent rester en Algérie et s'épanouir».
S. A.
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