Algérie

Le secteur du bâtiment en veilleuse: De lourdes retombées



Le secteur du bâtiment en veilleuse: De lourdes retombées
«Quand le bâtiment va, tout va», dit-on. Mais quand le bâtiment ne va pas, rien ne va. Ce sont tous les secteurs d'activité liés à cet essentiel segment de développement qui en pâtissent. Et c'est le cas depuis ces quelques derniers mois dans la wilaya de Tizi Ouzou où les matériaux de construction ont atteint des prix qui frisent l'impensable.
Les retombées sont immédiates. La quasi-totalité sont en souffrance. La crise financière conjuguée aux pénuries de matériaux, comme le ciment et l'acier, ont tétanisé ce secteur vital.
Les entreprises intervenant dans ce secteur sont en veilleuse. Les chantiers sont en souffrance et les retards accumulés dans leur réalisation ne sont pas faciles à rattraper. Même les grandes entreprises sont touchées par cette réalité amère.
Si aujourd'hui quelque 900 places pédagogues, à titre d'exemple, ne sont pas encore achevées au niveau du pôle universitaire de Tamda, de l'Université Mouloud Mammeri, c'est en partie à cause des raisons citées plus haut.
Les particuliers durement touchés
Si les entreprises ont toutes les peines du monde à achever leurs projets, que dire alors des particuliers qui construisent leurs maisons eux-mêmes ' «Je ne sais plus où donner de la tête.
Je me suis jeté dans la gueule du lion sans avoir le choix moi qui attends vainement depuis de longues années de bénéficier d'un logement social», nous dira Said, la cinquantaine, et qui a décidé de construire sa propre maison.
Ce dernier nous informera que les travaux de réalisation de sa maison sont à l'arrêt. «Il m'est impossible de continuer à poser même une seule brique. Le ciment, même si son prix a baissé quelque peu, continue de caracoler à 1200 dinars le quintal. Idem pour l'acier dont les prix varient de 9500 dinars pour le diamètre 8 à 12 000 dinars pour le diamètre 12.
ça donne le tournis !», ajoute-t-il, non sans avouer qu'aujourd'hui, construire sa propre maison, pour un fonctionnaire, relève tout simplement de l'imaginaire. Amar lui emboîte le pas et enchaîne : «J'ai lancé les travaux au mois de mai dernier.
J'ai réalisé la plate-forme et posé les piliers. Tout cela m'a coûté la somme de 1 million de dinars, soit toutes les économies des dernières années. Aujourd'hui, il m'est impossible de poursuivre les travaux».
En plus de la cherté des matériaux, Amar pointe le prix de la main-d'?uvre. Et pour cause, il nous apprendra qu'un maçon travaille entre 3000 et 3500 dinars la journée et le man?uvre pour 1600 dinars, soit quelque 5000 dinars jours. «C'est ce que je gagne en quatre jours. Comment voulez-vous que je continue la construction '», dit-il encore.
Les aides à l'autoconstruction dérisoires
Aujourd'hui plus que jamais, le débat est relancé sur l'utilité du montant attribué aux bénéficiaires de l'aide à l'autoconstruction. «L'attribution d'une aide ne signifie nullement le bout du tunnel pour son bénéficiaire. Bien au contraire, elle ouvre une série d'embûches et de gros soucis. Que faire en effet, avec une telle somme qui suffit à peine à réaliser la plate-forme et les piliers quand on arrive à bricoler soi- même '», regrette Madjid qui nous apprendra que depuis quatre ans, il peine à achever sa modeste maison.
«J'ai posé mes espoirs sur cette construction que je croyais m'ouvrir toutes les portes pour me marier et fonder un foyer. Aujourd'hui, face à toutes les contraintes que je rencontre sur le terrain pour l'achever, surtout les prix des matériaux, j'ai vite déchanté. Je ne sais plus qui ni comment faire», dit-il encore. Le cas de Madjid s'applique à des milliers et des milliers de bénéficiaires. Un tour à travers les localités de la wilaya peut largement renseigner sur cette situation.
A chaque coin, vous pouvez voir ces maisons dont l'ossature de l'architecture n'est qu'une copie conforme, qui attendent d'être achevées et habitées. Devant une telle situation, ce sont quasiment tous les rêves des jeunes bénéficiaires qui s'évanouissent et c'est la désillusion qui s'installe confortablement.
C'est pourquoi aujourd'hui, nombreux sont ceux qui souhaitent voir les pouvoirs publics revoir à la hausse le montant de ces aides qui ne couvrent, en réalité, même pas le quart des dépenses nécessaires pour rendre une maison de type F3 habitable.
Toutes les branches sont touchées
La situation plus que difficile dans laquelle patauge le secteur du bâtiment n'est pas sans conséquences sur les autres branches dont l'existence est liée à la bonne santé du bâtiment. De la quincaillerie à la plomberie en passant par la menuiserie de bois ou métallique, aux transports de marchandises à l'électricité bâtiment etc, les retombées sont considérables. Ces branches et la vente de ces différents produits, entre autres, ont avoué voir leurs chiffres d'affaires en chute libre. C'est dire que tout est en veilleuse en attendant, peut- être, des jours meilleurs.


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