Algérie

Le secteur de la presse nécessite beaucoup de réformes



? Comment voyez-vous la situation de la presse et des médias en Algérie 'La scène médiatique algérienne est floue parce qu'elle est loin des normes internationales de la liberté et du professionnalisme des médias. Certes, nous avons un grand nombre de journaux, mais toutefois, cette pluralité est juste quantitative car, dans le contenu de dizaines de journaux, on remarque que l'information est reléguée au dernier plan. Les recettes de la quasi-totalité de ces publications proviennent totalement de la publicité institutionnelle centralisée depuis plus de 15 ans au niveau de l'ANEP (Agence nationale d'édition et de publicité).
Cela dit, quand la publicité est la source essentielle d'un journal, l'influence sur le contenu de ce dernier est inéluctable. Il y a aussi le volet impression qui constitue un élément important. Il faut dire qu'à l'exception de quelques journaux qui ont des rotatives, l'impression des autres supports d'information se fait au niveau de l'imprimerie publique, ce qui ne laisse aucune marge de liberté à ces journaux.
D'ailleurs, l'on se rappelle que des quotidiens comme El Watan et Le Matin qui a actuellement disparu des étals, avaient été suspendus pendant plusieurs jours en raison de leurs lignes éditoriales et la parution d'articles qui gênent les décideurs. Pour ce qui est de l'audiovisuel, ouvert conformément à la loi de 2012, on constate malheureusement qu'il s'agit d'une ouverture «fermée», d'autant plus que des chaînes de droit étranger diffusent en Algérie.
Il en est de même pour la presse électronique qui demeure sans législation. Ainsi, faut-il le dire, le secteur de la presse et des médias en Algérie nécessite beaucoup de réformes pour permettre une vraie décantation et l'émergence des chaînes de télévision et de journaux électroniques qui peuvent s'adapter aux nouvelles technologies.
? Pouvez-vous nous parler des conditions de l'exercice du métier de journaliste '
Le journaliste algérien est toujours confronté à une situation difficile dans l'exercice de ses fonctions. Il est, d'ailleurs, face à d'énormes difficultés et obstacles qui piétinent et endorment son travail.
Les journalistes de la plupart des entreprises de presse et des médias du secteur privé ne bénéficient pas d'un salaire en mesure de répondre à leurs exigences sociales, contrairement à ceux des organes publics qui sont alignés à une grille de salaires qui évolue constamment en fonction de l'évolution de la carrière. Il faut aussi parler de l'inexistence de fiches de poste pour les journalistes au niveau de leur employeur dans plusieurs entreprises.
Cela sans parler de la formation qui ne répond pas aux contraintes de terrain. Le statut des journalistes algériens reste toujours utopique, dans la mesure où la précarité est toujours d'actualité. Sinon comment expliquer que des journalistes soient toujours sans couverture sociale et sans salaire décent. L'Etat doit mettre en place des mécanismes juridiques pour veiller au contrôle des entreprises de presse qui ne se conforment pas à la réglementation en vigueur liée aux droits des employés de ce secteur.
? Que préconisez-vous justement comme solution pour la précarité dont se morfondent beaucoup de journalistes '
Les journalistes doivent s'unir et organiser leur profession de l'intérieur avec la mise sur pied d'un syndicat fort qui peut regrouper tous les professionnels du secteur de la presse et des médias. Et ce, pour constituer une force de proposition et d'action afin d'aboutir à l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles et de veiller à ce que les libertés ne soient pas muselées car, quand un journaliste baigne dans la précarité, il est exposé à toutes formes de manipulation.
Donc, l'Etat doit aussi exercer son contrôle sur les entreprises de presse et des médias car, faut-il le souligner, il y a beaucoup d'argent du contribuable qui part, sous forme de publicité institutionnelle aux journaux mais, les journalistes dans plusieurs titres demeurent toujours dans une situation de précarité.


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