Le secret du remaniement

ll y a toujours quelque chose qui se mijote dans la marmite politiqueLes grands virages amorcés aux plans commercial, économique, politique et surtout la redistribution des enjeux géostratégiques, font que ce remaniement a ses propres exigences.Gardons-nous du calme ambiant qui garnit la société. Il y a toujours quelque chose qui se mijote dans la marmite politique. Sous les apparences d'un statu quo ambiant, pesant et parfois même pénible tant il brunit les perspectives, un large remaniement gouvernemental se prépare. C'est ce qui fuite avec insistance ces dernières semaines des hauteurs d'Alger, à Djenan El Mithaq pour être plus précis. L'idée de ce changement ministériel profond est en effet largement partagée dans les conciliabules des ministres, des sénateurs, même ceux du tiers présidentiel lors des dîners organisés à l'occasion des visites de président et de Premier ministre à Alger. Le moment et la date exacte de ce changement «sont un caprice exclusif du président de la République», susurre-t-on entre deux bouchées de méchoui. La seule certitude en revanche, est que ce changement se précise chaque jour davantage.Avec les grands virages amorcés au plan commercial, ceux qui s'annoncent au plan économique avec l'adhésion prochaine de l'Algérie à l'OMC, les virages politiques avec la révision de la Constitution et surtout la redistribution des enjeux géostratégiques, font que ce remaniement a ses propres caractéristiques et ses propres exigences. Nous ne sommes plus devant un simple lifting pour donner limpression d'un changement et calmer une grogne de quelque nature que ce soit. Le gouvernement ne peut plus bâtir sur l'échec... du «printemps arabe» et les traumatismes de la décennie noire (1992 à 2002) pour consolider le luxe du statu quo et perpétuer une stabilité sociale. Il faut refaire tout le système politique, toute la tuyauterie. Une façon d'injecter du sang neuf dans les artères sclérosées de l'actuel monde politique. A Djenan El Mithaq, toujours, un haut lieu où pullulent les «Who's who's» des liaisons naissantes ou finissantes au sein même du pouvoir, ils rapportent que certains ministres sont déjà radiés du plan de route gouvernemental. Ils annoncent que si le remaniement touchera deux ou au plus trois ministères régaliens, il sera profond au niveau des autres départements dont le réaménagement sera dicté par la situation financière du pays. C'est ainsi, avancent-ils que certains départements seront rassemblés au sein de grands ministères pour resserrer au maximum le budget de fonctionnement. Car, dit-on, l'austérité c'est comme la charité, «elle commence d'abord par les siens» et Sellal entamera son plan de rigueur budgétaire dans son propre gouvernement. Les mêmes gorges profondes avancent un autre fait nouveau qui marquera le prochain gouvernement: c'est que l'attelage gouvernemental sera certes perlé par quelques technocrates, mais il sera en majorité formé par des politiques. C'est ce qui expliquerait peut-être la ré «union» informelle» qu'aurait tenue dernièrement le Premier ministre avec le secrétaire général du FLN Amar Saâdani' Ce dernier, rappelons-le, a toujours revendiqué le poste de Premier ministre en sa qualité de chef du parti majoritaire, le FLN. Mais faute de cette grive trop succulente, M.Saâddani doit se contenter de merles, c'est-à-dire de postes ministériels, plus nombreux, au sein du prochain gouvernement. L'Algérie s'emploie depuis des mois à renforcer son audience dans le continent africain. Ce sont des ministres politiques qui peuvent défendre cette démarche. A cet enjeu, strictement politique, un autre économique s'imposera à la nouvelle équipe. Quel impact aura ce réaménagement sur les clans d'industriels qui se disputent farouchement la cagnotte du commerce extérieur' La bataille sera pour le gouvernement aussi bien au plan interne qu'externe. Un autre front s'est ouvert. Le Premier ministre convoqué ce matin devant les députés, apportera-t-il des réponses à toutes ces questions. A supposer bien sûr que les députés aient la présence d'esprit de l'interroger.