Algérie

Le secondaire manque à l'appel



Le secondaire manque à l'appel
Les écoles du bas de l'échelle inculquent la ponctualité, la concentration, la docilité, le travail de groupe, la persévérance, tandis que celles du sommet développent l'autonomie, l'estime de soi, la polyvalence, la capacité à diriger.L'école élémentaire et secondaire forme la piétaille, les établissements supérieurs les lieutenants et les capitaines de l'économie. Ce qui est requis en bas de la pyramide du travail, c'est la capacité à recevoir des ordres, ce qui est requis au sommet, c'est la capacité à en donner?», Mark Blaug, économiste anglais.Il y a de plus en plus d'études dans le monde qui tendent à prouver la relation entre le capital humain (niveau d'instruction, santé?) et la croissance économique. Si le lien a bien été établi dans la grande majorité des recherches, il demeure que le bon ciblage des échantillons à étudier est de rigueur pour définir, d'un côté, les besoins économiques en termes de niveau d'instruction, et de l'autre, les répercussions d'une massification par palier de l'enseignement.«La plupart des études empiriques semblent s'accorder sur l'effet positif de l'éducation sur la croissance économique. Selon l'OCDE (2005), l'effet à long terme d'une année d'étude supplémentaire au sein de la population adulte oscille généralement entre 3% et 6% sur la production économique», confirme une nouvelle recherche. Ainsi, une année passée sur les bancs de l'école, pour une génération donnée, augmenterait la production économique du pays concerné, à long terme bien sûr, de 3 à 6 %.Parue dans les derniers Cahiers du Cread, une étude intitulée «Contribution du système éducatif à la croissance économique en Algérie», conclut que des différents paliers de l'enseignement, le secondaire ne contribue pas à la croissance, alors qu'il serait l'un des piliers de la dynamique de croissance pour les économies en développement. «Il ressort de cette étude que l'enseignement primaire et universitaire sont non seulement une source d'accumulation du capital humain, mais également un facteur de la croissance économique.Il est donc important que ces niveaux d'enseignement soient prioritaires dans la politique d'enseignement», constatent les élaborateurs de l'étude réalisée en adoptant la méthode empirique par Kamal Oukaci, Mohamed Bouznit, Farès Abderrahmani de l'université de Béjaia et Mohamed Yassine Ferfera, professeur au Cread. Dans leur conclusion, ils observent que «les résultats empiriques montrent que l'enseignement secondaire ne contribue pas à la croissance économique» et cela bien que dans son rapport «Construire les sociétés de savoir», la Banque mondiale insiste sur l'importance de ce palier de l'enseignement et préconise de ce fait, que l'accent soit mis sur le secondaire.«Mais nos résultats montrent qu'en Algérie ce niveau d'enseignement n'influence pas encore la croissance économique», affirment les chercheurs, qui vont jusqu'à attribuer le retard de la croissance algérienne au manque de sollicitation ou d'adaptation de ce palier de l'éducation. «Etant donné les résultats, la lenteur de la croissance économique en Algérie, 3,65% durant la période allant de 1970 jusqu'à 2010, peut s'expliquer en partie par l'absence de l'impact de l'enseignement secondaire», notent-ils, sans donner plus de détails sur les raisons de cette défaillance.Sous le chapitre «Estimation de la relation de long terme», les chercheurs affirment que «les résultats montrent que le niveau d'enseignement primaire a une influence positive sur la croissance économique. Le coefficient associé à cette variable vaut 1,70 (statistiquement significatif au seuil de 5%) ce qui est conforme à l'hypothèse formulée. Ce résultat s'explique par l'efficacité du système éducatif national. En effet, une augmentation de 1% du taux de scolarisation dans le primaire entraînera une augmentation du revenu réel par habitant de 1,70%».Besoins économiquesSupposant au préalable que l'enseignement secondaire pourrait avoir une influence positive et significative sur le revenu par tête, les chercheurs ont constaté après avoir effectué des estimations que ce palier de l'enseignement s'avère inefficace pour le développement économique. «Après l'estimation des paramètres de l'équation, le coefficient de cette variable est de signe négatif. Ceci peut s'expliquer par l'inefficacité du système d'enseignement secondaire», expliquent-ils dans l'étude, avec force calculs et graphes à l'appui.En revanche, si l'enseignement secondaire avait démontré son inanité, celui supérieur se révèle, selon les auteurs du rapport, d'une efficacité effective dans la dynamique économique. «L'enseignement supérieur a un effet positif sur le PIB par tête. Ce résultat révèle l'adéquation entre la formation supérieure et les besoins socio-économiques du pays.», instruisent les chercheurs.L'étude éditée dans le numéro 113/114 des Cahiers du Cread rappelle que l'Algérie, à l'instar d'autres pays en développement, a adopté des réformes dans le système éducatif. Ces réformes visent, selon les rédacteurs du texte, deux objectifs : satisfaire les besoins sociaux en matière éducative, d'une part, et d'autre part, former une population compétente et performante, qui répondra aux besoins économiques à moyen et long termes.Après 50 ans d'indépendance, l'Algérie a pu démocratiser l'éducation en investissant massivement dans le secteur éducatif. Ainsi, le taux de scolarisation au primaire passe de 56 57% en 1973 à 95,36% en 2011. Aussi, la part de l'éducation dans le budget de l'Etat a enregistré une évolution importante. A titre d'illustration, le budget de fonctionnement était de 322,72 millions DA en 1963 et 581612 millions DA en 2011. Mais malgré tous ces chiffres, il s'avère que le système éducatif algérien ne contribue pas très efficacement à l'économie nationale.«Nous pensons que le principal défi du développement aujourd'hui, est celui de la capacité à innover et à transformer le capital humain en capital productif», conclut l'étude, qui regrettait au préalable qu'une «partie importante de la population disposant d'un niveau d'éducation plus ou moins élevé est en dehors de l'activité économique», affirment les chercheurs, en insistant sur le fait que «ce constat peut aider les pouvoirs publics à mettre en place une politique économique dont l'objectif est le renforcement de l'insertion des jeunes ayant le niveau secondaire dans l'activité économique et cela en encourageant les activités qui nécessitent une main d'?uvre qualifiée».


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