Algérie

Le second degré pour voir nos travers



Par ses planches portées par un humour potache, le bédéiste Salim Zerrouki parvient en quelques traits et quelques mots à dire nos travers, que ce soit dans la rue ou à la plage, et des sujets comme la mixité, la religion?Voilà une bande dessinée qui tombe à point nommé en cette période de confinement due à la crise sanitaire. Drôle, caustique et à fond dans l'autodérision, le bédéiste et illustrateur algérien Salim Zerrouki, par ces planches réunies sous le titre Comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur (éditions Encre de nuit), parvient en quelques traits et quelques mots seulement à dire nos travers, que ce soit dans la rue ou à la plage, et des sujets comme la mixité, la religion, le travail? Ce regard railleur "nous donne à réfléchir, et à travers ces caricatures, le dessinateur nous invite à regarder avec tendresse les petits et grands défauts de cette civilisation très ancienne aux multiples facettes". Il dénonce par ailleurs, lit-on dans la quatrième de couverture, en creux, la vision des Occidentaux sur "ces sociétés complexes" en tendant un miroir satirique aux Maghrébins : "Voici notre image en Occident, nous la méritons un peu, non '" Il est certain que le don de Zerrouki est de taper pile poil là où il faut, en faisant ressortir le meilleur du pire de la société maghrébine.
Parfois caricaturaux, les maniérismes et répliques de ses personnages, après nous avoir fait rire un bon coup, reflètent finalement ces travers qu'on ne voit plus, tant nous les avons intégralement incorporés à notre mode de vie. Des petits riens, comme la manie de certains d'entre nous à prétendre tout savoir et avoir la solution à quasiment n'importe quel problème. "Chez nous, écrit le bédéiste, le mécanicien construit des maisons, le maçon fait de la médecine, le boulanger est expert en mécanique." Ou encore cette planche sur le rapport entre Arabes et les lois, dont le non-respect serait l'apanage des populations maghrébines, car "les règles, les lois, les interdits, on adore ça !", commente le bédéiste, avant de les étayer par trois situations où l'interdit devient plus attrayant que jamais.
L'Arabe, devant une affiche d'interdiction de fumer, se délecte bien sûr d'en griller une et de contourner cet interdit ; un autre, attiré par ce qui semble être un poste électrique dont l'accès est interdit. Ou encore ce fléau qu'est "le parking" tenu par des "racketteurs", bâton à la main. Et qu'en est-il du parcmètre ' Eh bien, s'il venait à voir le jour en Algérie et dans le Maghreb, ce sera un "parkingueur" obligé de travailler, et un Arabe obligé de travailler, poursuit l'illustrateur, "c'est un suicide assuré dans les 48 heures !".
À noter que Salim Zerrouki est diplômé de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, option design graphique.
En 2011, il crée le blog de caricatures "Yahia Boulahia", avant de lancer sa première mini-BD sur le même blog en 2013. Puis il lance, une année après, le projet "Ta7richa", qui deviendra une exposition en 2016 à la Maison de l'image. Il fait partie du collectif indépendant tunisien LAB 619. En 2018, il publie sa première bande dessinée 100% bled, comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur.

Yasmine Azzouz


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