Algérie

Le scénario plausible



Le 13 juin prochain, l'Algérie nouvelle aura sa première Assemblée populaire nationale de l'après- Hirak du 22 février 2019. À quoi faut-il s'attendre' À première vue, tout porte à croire que la prochaine législature sera hétéroclite. Elle verra la disparition de l'ancienne alliance présidentielle drivée par un FLN et un RND, dont l'audience s'est effilochée, au profit d'une nouvelle configuration portée par les indépendants dont la participation élevée semble renverser la tendance partisane. Aux côtés de cette nouvelle force politique, il devrait y avoir les partis islamo-conservateurs d'El-Bina, le PJD, les mouvements El Islah, Ennahdha et le MSP mais aussi les partis nouveaux ou émergents comme le Front El Moustakbal, Jil Jadid ou encore El Karama et El Wassit Siyassi. Il s'agit là de l'hypothèse la plus plausible pour nombre d'observateurs mais qu'en sera-t-il si une fois le scrutin bouclé, les islamistes arrivent à renverser la vapeur en raflant la mise' Tout est possible surtout en politique!Car, à bien voir, pour la nuée de nouvelles formations politiques qui cherchent à se faire connaître et avoir de l'ancrage, ces élections ne seront qu'un premier test. La mouvance dite «démocrate» a choisi de sortir du jeu électoral estimant que les législatives ne constituent pas la solution à la crise que traverse le pays. Mais en optant pour le boycott, le FFS, le RCD ou encore le PT cèdent le terrain aux islamistes. Ces derniers, organisés, disciplinés, sans un préalable pacte mais en rangs serrés, marchent doucement mais sûrement vers l'hémicycle Zighoud Youcef. Ils seront donc la seule force réelle face aux indépendants. Et il n'est pas à écarter que, dans les listes indépendantes, soient dissimulés de nombreux candidats affiliés à la mouvance islamiste, connue pour son entrisme et ses subterfuges à plusieurs facettes. Une fois l'élection terminée et les députés connus, les indépendants, de jeunes candidats qui manquent de formation politique, pourraient ne constituer que des bulles clientélistes. Le vent souffle donc en faveur des islamistes dont les chefs de partis, rodés en politique, vont se retrouver pratiquement seuls en lice pour mener le bateau de la prochaine législature. C'est d'ailleurs une ambition que ne cache pas Abderazzak Makri. Le président du Mouvement de la société pour la paix, qui a multiplié les sorties sur le terrain pour faire des promesses, expliquer le programme et les objectifs de son parti mais aussi pour afficher, sans ambages, la couleur, en se disant prêt à diriger le futur gouvernement dans l'éventualité où son parti remporte les prochaines élections législatives. «L'Algérie a besoin que les Algériens travaillent ensemble. L'Algérie a besoin d'un gouvernement d'union nationale au-delà des élections», a-t-il soutenu. En réalité, Makri n'a pas besoin que le MSP remporte la majorité, il a juste besoin d'une alliance avec les partis islamistes et des voix des nouveaux députés indépendants acquis à sa mouvance. Un scénario très plausible qui va donner, pour la première fois, la possibilité aux islamistes de dominer les pouvoirs législatif et exécutif et donc d'exécuter leur propre programme politique.


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